Chroniques romans
31
Déc
1998

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Premier voyage extraordinaire de Verne,

ce Voyage de découvertes en Afrique par trois Anglais est mené par le professeur Samuel Fergusson qui veut partir à la recherche des sources du Nil en ballon. Un sacré gaillard, dont son compagnon d’aventure Dick Kennedy dit que « si on le laissait faire, il partirait un beau jour pour la lune ! » * Les deux hommes, accompagnés de l’adroit domestique Joe, suivront, puis prolongeront, les traces laissées par les pionniers géographes précédents en courant les mêmes dangers, mais d’en haut.


L’aérostation et la dilatation des gaz n’auront plus aucun secret pour vous si vous parvenez à suivre Verne dans ses exposés toujours fouillés, et le résumé des dernières connaissances de l’époque en matière d’exploration (et d’explorateurs) de cette région de l’Afrique en ce milieu du XIXème siècle vous sera conté par le menu. Bien évidemment il est difficile, en 1860 et quelques, de ne pas faire passer les « nègres » et les « moricauds » pour des indigènes crédules et superstitieux plus qu’ils ne l’étaient vraiment. Mais rien ne sert de vouloir faire changer le passé littéraire quand il est colonialiste et croit « bien » faire, exhalant un assemblage typique de condescendance et de bienveillance louche et agaçant. Sauf que Verne pose tout de même une question du plus grand intérêt :


Quand au bout du compte, les peuplades de l’Afrique seraient civilisées, en seraient-elles plus heureuses ?… Etait-on certain, d’ailleurs, que la civilisation ne fût pas plutôt là qu’en Europe ?


Il célèbre aussi la chasse et la bonne cuisson de l’éléphant ou de l’antilope mais notez bien que c’est pour ne pas mourir de faim exclusivement, rien à voir avec les sous-hommes qui dirigent leur pseudo pénis à chevrotine vers des animaux de la savane pour le plaisir de les exposer sur photo ou, mieux, sur les murs de leur salon de rupin, fin de la parenthèse.


On ne tient pas encore un essentiel de l’œuvre du grand Jules, mais ce premier voyage contient de bons moments de suspense et de belles descriptions de paysages, ainsi que quelques images-choc comme celle du sycomore, « arbre de guerre des cannibales », celle du sauvetage du prêtre ou encore celle où des assaillants envoie vers le ballon des pigeons munis « à la queue de matière combustible ». Des scènes éprouvantes qui ne sont pourtant rien à côté des réalités climatiques du Pays de la Soif… Garçon, une aut’ chopine !


Hm et au fait, Joe jette à un moment une bouteille au-dessus d’un village, serait-ce là que « les dieux sont tombés sur la tête » ?

 

256 pages avec quelques illustrations en noir et blanc


* une prémonition pour De la Terre à la Lune ?

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