Théâtre
28
Mai
2022
théâtre marionnette mécanique fluides cessenon

Découvert à Avignon par la Communauté de Communes Sud-Hérault et bien évidemment reporté à cause du Covid,

« Vole ! », c’est l’histoire d’un réveil douloureux où le café est nécessaire pour reprendre un taf de bureau soudain signalé par une sonnerie stridente : sur un rythme mécanique (« ordre de mission, inscription, évaluation, attribution, expédition ! »), un jeune homme doit envoyer des colis dans le monde entier et se contenter de rêver à toutes les destinations lointaines. Car si sa technique tout à fait loufoque pour « évaluer » les objets à expédier ressemble à un jeu absurde, l’employé n’a d’autre réalité que celle de dormir dans son bureau pour se réveiller et recommencer le même cirque tous les jours. Rien ne semblerait le sortir de cette triste routine jusqu’à ce qu’un colis mal confectionné laisse apparaître une marionnette bien décidée à lui apprendre un mot inconnu de son monde : la liberté.

D’entrée, on livre ce qui nous est passé par la tête suivant comment on appréhende le récit : Brazil, forcément, dans la douce folie de ce fonctionnaire au sein d’une terrifiante technocratie, la révolte des vieux assureurs du Sens de la vie, Caro et Jeunet (les mécanismes ingénieux et ludiques, la très belle déco rétro / bistre y est aussi pour quelque chose), Un jour sans fin, le mythe de Sisyphe, Buster Keaton, Pinocchio (ce Jiminy Cricket-là ne manque pas de peps !) auxquels on ajoute, puisqu’une discussion avec les auteur / comédien lillois nous a été offerte, Le Grand Détournement (Salut Hugues !).

« Vole ! », c’est aussi un fort joli numéro d'acteur de quarante-cinq minutes pendant lequel Cédric Vernet, performeur mais aussi concepteur des marionnettes, nous livre sur une mise en scène de David Lacomblez et Luc-Vincent Percheune une palette impressionnante de ses talents : mime, imitation, jeu facial hyper expressif, manipulation de marionnette à la limite de la ventriloquie (ce personnage bluffant, presque siamois de l'acteur, devient la part de folie textile de ce jeune garçon maladroit qui frise du coup la personnalité multiple) et même la danse (quelle habileté à dissocier les rythmes !).

Joué depuis 2017, cette métaphore de la mécanisation générale, du stress organisé, de l’aliénation du travail est un vrai bon moment nanti d’un joli accompagnement musical, de poésie et d’une douceur dans le ton qui n’empêche pas la dinguerie subite, une parabole qui pose une question : quand le rêve a fait surface, est-il possible de rester le simple rouage d’une existence programmée ? « Le changement, c'est possible », quand on veut on peut, et cætera, malgré la sombreur globale, le positivisme remporte un joli succès auprès du public, sa fin ouverte facilite de plus le dialogue avec l'équipe, le verre de l'amitié aura forcément délié les langues trop timides...

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