Chroniques DVD
02
Fév
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

samuel fuller journalisme xixeme siècle film

Genre : « You've got the heart, I’ve got the hand, You've got the head, I’ve got the press »

Scénar : en 1886 sur la Park Row Avenue de New York se côtoient dans les bars les journalistes et les machinistes d’une presse qui va sans le savoir vers sa révolution. Dans le brouhaha, seul le reporter Phineas Mitchell semble pensif : un type a été condamné à mort et il pense que ce n'était pas lui le coupable, pire, il accuse le journal qui l’emploie de l’avoir tué pour le simple fait de vendre du papier. « Le jour où le Star rapportera des faits, Judas Iscariote sera sanctifié ! » balance-t-il à sa patronne avant de démissionner ! De son côté, le taulier du bar est obsédé par l'idée de devenir célèbre, il se jette même du pont de Brooklyn pour qu'on puisse écrire un article à son sujet. Dommage que Mitchell ait stoppé ses activité, tout ce qu'il aura gagné, c'est un rhume ! Ah si Mitchell pouvait avoir son propre journal, il l'appellerait le Globe et il serait le meilleur ! Et voilà qu’en plus d’être reconnu par ses collègues comme le meilleur journaliste, un imprimeur lui propose de réaliser son rêve ! Les flics qui recherchent celui qui a sauté du pont seront le détonateur : Mitchell le dénonce pour mieux le libérer ensuite grâce à son nouveau journal qu'un ouvrier, ancien horloger, voudrait doter d’un outil de pointe : une machine à écrire ! Mais la concurrence est féroce et l’ancienne patronne s’intéresse de près à cette machine ainsi qu’à couler le projet issu de ses rangs, déjà populaire en ville, particulièrement à l’occasion d’une opération de bons de soutien financier pour la construction d’un monument…La Statue de la Liberté !

Après un diptyque western 1 et un autre sur la guerre de Corée 2, Samuel Fuller commence son époque film noir avec ce drame historique écrit, produit et réalisé par lui-même où de nombreux éléments du noir américain sont décelables : tous les coups sont permis quand le succès et l’argent sont en jeu, les méchants sont (quasiment) sans scrupules et ne reculent pas devant l’usage de la violence, la femme fatale quant à elle vient jeter l’huile sur le feu quand elle n’ordonne pas carrément l’incendie. Aussi, il y a ce jeu du chat et de la souris entre le nouvel homme de presse et l'éditrice, tour à tour charmante et effrayante, les dialogue pleins de passion rendent les personnages très attachants et si la trame est sombre, les objectifs se veulent purs, quitte à s’agiter sans relâche (c’est si beau de voir s'animer une imprimerie à l'ancienne où les caractères sont déposé les uns après les autres sur des planches !), ce qu’interprête fort bien un troupe d’acteurs formidables, avec bien sûr en tête Gene Evans, death-y-dément inséparables de Fuller ces années-là. Personne ne peut comprendre s’il n'a jamais vu sortir sa première page imprimée et cette presse encore mécanique ne permettait pas les excès de verbiage que nous subissons de nos jours, un film comme ça fait chaud aux tripes, on ne peut exprimer combien nous rend heureux ce genre de visionnage drôle et émouvant (il nous tira même quelques larmes, croyez-le ou non !). Une très chouette évocation de la presse d’antan où la passion, le courage et le sérieux faisaient la différence !

1 voir I Shot Jesse James de Samuel Fuller (avec Preston Foster, Barbara Britton, John Ireland, Reed Hadley, J. Edward Bromberg, Victor Kilian, Tom Tyler, Tommy Noonan, Eddie Dunn, Margia Dean, Byron Foulger…) 1949 et The Baron of Arizona de Samuel Fuller (avec Vincent Price, Ellen Drew, Vladimir Sokoloff, Beulah Bondi, Reed Hadley, Robert Barrat, Robin Short, Tina Pine, Karen Kester…) 1950

2 voir The Steel Helmet de Samuel Fuller (avec Gene Evans, Robert Hutton, Steve Brodie, James Edwards, Richard Loo, Sid Melton, Richard Monahan, William Chun, Harold Fong, Neyle Morrow, Lynn Stalmaster…) 1951 et Fixed Bayonets! de Samuel Fuller (avec Richard Basehart, Gene Evans, Michael O'Shea, Richard Hylton, Craig Hill, Skip Homeier, Howard Banks, Paul Burke, George Conrad, Glen Corbett, James Dean…) 1951

 

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