Chroniques Blu-Ray
15
Fév
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

russie artus ptouchko bluray moyen-âge fantastique

Genre : eastern

Scénar : le géant Svyatogor, sur le point de tirer sa révérence, confie son épée destinée au futur chevalier qui viendra prendre sa place. Des pèlerins l'emportent et partent à sa recherche. Et il faudra ne pas tarder à le trouver car les Tougarins attaquent, pillent, brûlent, tuent et Kalin, le chef des envahisseurs, fait même jurer à Misha, un boyard local, d'exterminer les gens de Kiev en échange de sa vie sauve. Mais la destinée va aller à l'encontre de cette mission. Car les pèlerins arrivent dans un village et rencontrent un malheureux colosse qui ne peut plus même se lever, peut-être suite à un sort, alors que les envahisseurs lui ont ravi épouse et fils. Si celui-ci pouvait retrouver sa force, il défendrait la Russie et empêcherait les massacres et la réduction des femmes et des enfants en esclavage ! Grâce à une potion magique, l'homme sort enfin de sa torpeur, il sera le bogatyr qui rendra espoir au peuple avec à la main l'épée du géant que les pèlerins lui remettent. Il triomphera de nombreuses épreuves, par exemple mettre la main sur le brigand Rossignol (il y gagnera au passage une magnifique armure et une sorte d'adoubement) mais le traître Misha commence à s'inquiéter de ses trop nombreuses victoires. Alors que retrouver sa famille reste l’objectif de cœur de Muromets, un traquenard va être tendu sur sa route…

Présenté comme le premier film soviétique en Cinémascope et son stéréophonique, Le Géant de la steppe est un nouveau chef-d'œuvre signé Ptouchko qui ramène cette fois ses spectateurs à une époque où la Russie n’était encore qu’un tout petit morceau de ce qu'elle deviendra plus tard : au Moyen-Âge elle est en effet centrée autour de Kyiv et à l'occasion de l'attaque des hordes asiatiques (rassemblées sous le terme de peuples tougarins), la légende raconte ce que racontent de nombreuses autres en Europe : un héros se dresse malgré les malheurs face a l'oppression et à la traîtrise en faisant montre d'une grande force inspirée par le surnaturel et un grand courage inspiré par l'amour de sa famille et de son pays. Comme les soviétiques ne savaient faire les choses qu’en grand, cette fresque - étonnamment courte (à peine plus de quatre-vingt-dix minutes) - bénéficie d'un nombre sidérant de figurants (106 000 !!!) et de chevaux (11 000 !!), du coup un grand nombre de scènes sont véritablement époustouflantes, personne ne ressortira indifférent devant l’impressionnante scène du tertre en briques humaines. Bien sûr, des décennies plus tard, le cinéma qui utilise encore décors peints, trucages à l'ancienne ou scènes chantées pour un goût d'exotisme, peut paraître daté pour messieurs-dames les modernistes.

Et pourtant, les couleurs par exemple ont un éclat étonnamment actuel, on s’y croirait vraiment et certaines images, comme celle du champ de bataille, sont vraiment de petits tableaux magnifiques à admirer. On souligne d'ailleurs que les scènes extérieures sont très convaincantes (on y sabre et embroche à tour de bras les vilains mongols qui n'auraient pas dû piquer sa femme au grand barbu, ce qui n'empêche pourtant pas une petite touche de comédie espiègle tout à fait bienvenue comme dans tout bon conte que l'on pourrait destiner aux enfants s'il n'avait pas cette dimension historico-idéologique que tous ces récits millénaires ne peuvent s'empêcher de contenir. Et si la Mongolie n'a pas senti la baffe soviétique sur sa joue, c'est vraiment qu'elle ne l'a pas voulu. Musique épique grandiose, superbes décors, apparence des personnages très soignée (Rossignol a une tronche pas possible, ce masque et ce maquillage sont véritablement parfaits pour un film de cet âge qui en remontrerait sans problème au Seigneur des anneaux du fameux Gollum, l’évocation de l'époque fort méconnue de la Rus’ kiévienne se double d'une belle œuvre intemporelle qu'il est très bon de voir de nouveau disponible sous une forme telle que celle-ci, luxueuse et passionnée, qui ravira les amateurs du réalisateur Ptouchko.

Bonus : ce mediabook BluRay / DVD contient en plus du film (master 2K restauré / version intégrale) un livret encarté de 64 pages rédigé par Nicolas Bonnal et Tetyana Popova-Bonnal (Ilya Murometz, une épopée symbolique) une fois de plus érudit et passionnant, des présentations par Christian Lucas (27’) et Stéphane DederianPtouchko l'enchanteur », 16’), un diaporama et une bande-annonce originale ! Une belle édition fournie !

Infos / commande : https://www.artusfilms.com/alexandre-ptouchko/le-geant-de-la-steppe-373

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