Chroniques DVD
28
Mai
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : fresque guerrière

Scénar : « Panique… »? Ouais, c’est vrai, la Wehrmacht depuis le débarquement du 6 juin 1944 est quelque peu en déroute sur le front Ouest et les Pays-Bas sont une cible de choix pour exercer une « t’naille » chère au sergent Chaudard : l’opération Market Garden était donc au départ une bonne idée de l’éternel rival de l’américain Patton, le britannique Montgomery : parachuter en Hollande, derrière les lignes allemandes, quelque trente-cinq mille hommes qui s'empareraient des ponts stratégiques pour mettre fin à la guerre avant Noël 1944. Dommage qu'on largue les hommes un poil trop loin de l’objectif et sous les canons de blindés SS pourtant repérés par la reconnaissance mais dont le général Browning, chef des opérations, choisit de minorer l’importance sans imaginer (du moins l’espère-t-on…) les conséquences tragiques des ordres qu’il transmet ensuite, refusant catégoriquement de reporter l'opération, peut-être parce que le joueur d’échecs Montgomery a fait ses promesses à Eisenhower, peu importe ensuite comment se débrouilleront les pions qu’il dispose sur le plateau. De plus, c’est rien moins que l’expérimenté maréchal Von Runstedt qui vient au même moment inspecter et organiser les défenses allemandes, et par la même occasion essayer de remonter le moral des troupes qui sentent que le « Reich de mille ans » a un sacré coup dans l’aile. Et ce n’est qu’un début.

Ah, les ponts ont inspiré les cinéastes de guerre, de celui de la rivière Kwaï à celui de Remagen, et comme à chaque fois les opérations de grande envergure donnent lieu au déploiement d’un arsenal de stars impressionnant comme tout grand film historique qui se respecte (voir par exemple Les Canons de Navarone, Le Jour le plus long, Les Héros de Telemark, La Bataille des Ardennes, Les Douze salopards, Quand les aigles attaquent, etc.) à cet âge d'or du film de guerre dont ce Pont trop loin est l'un des derniers d’ailleurs, avant un retour dans les années 2000. Dirk Bogarde (rigide et hautain), James Caan (rude et têtu), Michael Caine (l’irlandais ironique), Sean Connery (enragé intrépide), Edward Fox (conquérant, avec la voix de Francis Lax la menace), Elliott Gould (et son visage toujours comique, remember M. A. S. H., et merci Jacques Balutin), Gene Hackman (polonais fier et rebelle), Anthony Hopkins (ZE flegmatique), Hardy Krüger (l’incompris), Laurence Olivier (docteur courage), Ryan O'Neal (bouillant courageux aux beaux yeux clairs), Wolfgang Preiss (officier allemand de service), Robert Redford (pour une fois quasi-invisible), Maximilian Schell (toujours bon en uniforme allemand, Croix de fer le montrera encore mieux), sans oublier Liv Ullmann perdue au milieu au milieu de tous ces bonhommes après une série de Bergman (de quoi déboussoler n’importe qui !)

Adaptation d'un roman de Cornelius Ryan (également auteur du célébrissime Jour le plus long), on sent clairement dès le départ de ce film très bien ficelé que les grands ordonnateurs de l’opération militaire semblent se foutre complètement des hommes (comme à chaque fois) mais ceux-ci sont menés sur le terrain par des officiers zélés et courageux, interprétés par une troupe d’acteurs de choc, on hallucine aussi complètement sur la quantité incroyable de figurants, de matériel utilisé et de décors détruits, le combo parachutistes + des planeurs + d’innombrables C 47 / DC3 pour les tracter battant tous les records ! On a aussi dans la musette une musique obsédante comme d'habitude, une symphonie d'explosions et de rafales quand y a pas (ça devait péter à mort dans les cinémas tout ce grand spectacle pendant quasiment trois heures, d’autant que les scènes de canonnades et de bataille sont en général très réalistes !), et pour le côté caution historique de la chose au cas où, on donne dans le rappel des faits postérieurs avec des images d'époque avant de rentrer dans le vif du sujet. Un film à budget fantastique mais aux images parfois fort violentes (personne a priori n'imagine la guerre autrement, si ?) qui met en évidence l’absurdité (et la stupidité) du commandement face au courage individuel et à l'héroïsme gratuit : un classique.

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