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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : tripaille sous trip high
Scénar : un joli jeune couple au réveil vit ses derniers instants de tranquillité. D’abord, il ne faut pas grand chose pour désunir les destinées, elle s'est arrangée pour prendre une semaine de congés, il a oublié de lui dire qu'il avait un truc prévu, le froid est jeté. Mais rien ne les prépare aux conséquences de l’apparition d’un virus à fort taux de mutation proche de celui de la rage. Certains scientifiques ont bien tenté de donner l’alerte mais quand un courant de pensée récent, alimenté par les informations contradictoires et les confusionnistes patentés, politise chaque moment de l’Histoire (un virus est bien pratique avant les élections, et quand la peur règne les prix des actions baissent et « ils » les achètent pour les revendre plus cher, ou comment toujours simplifier les faits pour croire ensuite comprendre et « enseigner » aux supposés dindons de la farce…), la mission s’avère complexe… Et puis le temps des palabres est rapidement dépassé, des groupes de gens au rire dément courent dans toutes les rues pour tuer et violer tous ceux qui bougent, autant dire que Kat et Jim vont devoir montrer beaucoup de courage pour se rejoindre et peut-être sauver leur peau dans un monde devenu encore plus taré que d’habitude, littéralement l’enfer sur Terre.
Si la période Covid - qui n’est PAS terminée, va quand même falloir se forcer à ouvrir les yeux les gens, même en « vacances » - nous a appris quelque chose, c'est bien que beaucoup attendaient une crise pareille pour montrer leur vrai visage, pas toujours malveillant mais parfois à des années-lumière de la raison et du sang-froid. Ici, le réalisateur canadien Rob Jabbaz joue l'excès absolu dans une œuvre qui s’avère aussi plastique qu’elle se montre et brutale et craspec, ultra-sanglante et réaliste, peut-être la plus gore et déviante depuis longtemps. Situé à Taïwan, The Sadness part d’une ambiance vaguement dramatique, esquisse un climat zombie classique (George A. Romero n’est pas loin dans cette subite explosion de violence que finalement personne n’a vue venir) mais vire direct plus méchant et pervers - les asiatiques sont extrêmement forts dans le jeu du réalisme choc et la mise en scène de la folie et de la désolation qui s’installe, mort rouge qui inspire bien sûr à l'armée de faire sa pseudo-rassurante apparition. Qui tournera court, non sans essuyer les traits des scénaristes. On ne peut en effet que saisir de nombreuses pointes d'humour - fort noir - dans ce pandémonium où les masques sont, dans tous les sens du terme, mis à bas.
De la valse des cellules virales en générique à cette vieille jobarde détonateur de la course contre la mort, les maquillages aggravent des visages dingues mais c’est derrière, à l’intérieur, que se loge le pire. Une population de malades mentaux qui filment tout sans vergogne et sans réfléchir, n’interviennent que peu quand à un pas le destin se déchaîne sur autrui : à force de regarder on finit par ne plus agir, à force d’écouter on finit par ne plus parler, à force de parler on finit par ne plus penser, pourtant les personnages finissent par faire naître la question, essentielle. En fin de compte, qu’est-ce qui fait le plus mal ? Constater horreur (l’homme dans le métro est sûrement le plus génial de tous, quel visage et surtout avec quel talent parvient-il à exprimer le Mal dans son ensemble !) ou se sentir la reproduire à son tour ? Alors oui si le bain de sang semble gêner les intellectuels lassés de tout ce qui ne parle pas un langage cryptique pour le plaisir d’émerveiller les amateurs d’art content-pour-rien, on est bien content de notre côté de voir des créateurs défoncer les barrières sans hésiter à aller chercher dans le plus noir de l’homme une vérité toute simple : le virus c’est lui, c’est elle, c’est nous, c’est vous, et rien ne changera jamais. Sick, sad world, isn’t it ?
P. S. : l’apparition surprise du groupe death / grind taïwanais ASHEN est une jolie cerise sur le gâteau au glaçage sanquette, mais la musique de TZECHAR n’en est pas pour autant à oublier.
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