Chroniques cinema
31
Juil
2022

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

men alex garland film cinéma féminisme horreur

Genre : féminin

Scénar : Harper a vécu un choc énorme : son mari, après lui avoir annoncé, s'est suicidé sous ses yeux parce qu'elle voulait divorcer suite à ses sautes d’humeur de plus en plus fréquentes. Depuis, elle revoit en permanence les images de cet épouvantable cauchemar. Retrouver l’air, retrouver la vie… Elle roule vers la lande verdoyante, vers un manoir superbe entouré de haies taillées au cordeau, vers ces oiseaux aux mille mélodies, vers ce pommier qui lui tend ses fruits…sous le regard d'un homme à la fenêtre. Geoffrey l’accueille, se précipite chercher ses bagages, la fait visiter, il semble avoir tout prévu et elle adore la maison : l'endroit est rutilant sous sa coquille antique, le thé est chaud, elle va rester deux semaines. Premier réflexe ensuite, elle part en balade dans ce coin magnifique, elle revit sous l'orage, retrouve des sensations, voit le bout du tunnel mais celui-ci est peu rassurant à traverser, son jeu rigolo avec l'écho a semble-t-il réveillé quelque chose, ou quelqu'un… Elle tente de revenir sur ses pas mais ne trouve que des ruines lugubres paumées mais aussi un type nu, immobile. Elle retrouve son chemin mais l'homme à poil l’a suivie, essaie d'entrer, se fait choper par la police qui bizarrement minimise… Un vicaire lui propose ensuite de l'aider, elle parle, mais pourquoi ?

Hop, séance découverte : on y va au pif sans se renseigner ni regarder l’affiche, en gros voir le film que personne ne choisira car casé au milieu d'une sélection de navets (l’épisode 128 de l'univers Marvel, l’énième comédie française à la manque, la bouse hollywoodienne sans intérêt et on en passe des dessins animés). On se fade bien sûr les publicités les plus pourries de l'histoire du commerce rendant absconses les horaires de départ. Et on se prend une très méchante claque en travers la tronche, du moins pendant la majeure partie du film. Déjà, les superbes paysages (et cette église magnifique !) servis par un très beau travail de photographie sont renversants et l’ambiance contemplative, rehaussée par une bande originale parfaite entre folk, ambient et chant grégorien (signée Geoff Barrow et Ben Salisbury). L’atmosphère village avec peu de personnages, et l’inquiétude qui monte au fur et à mesure que les appels avec l’extérieur deviennent plus pressants emballent le spectateur dans une sorte de claustrophobie que l’on ne quittera qu’à la fin du générique, les acteurs, franchement convaincants, laissent chacun à leur manière leur personnalité se dévoiler et le brouillage de piste spatio-temporel fait le reste, vive le cinéma quand il coupe totalement de la réalité et tape si fort dans la rétine.

Men, très graphique, très beau avec ses touches impressionnistes et naturalistes, n’en est pas moins trop bavard sur la fin. Sa parabole revenant sur l’histoire d’Ève, Adam et la fin de l'Éden, le cycle de la vie et la sexualité, et - le titre est en tout cas bien choisi pour désigner le sujet - la nocivité de l’homme ne nous apprend pas grand chose en réalité et peut-être ne faudrait-il pas oublier que le sexe « opposé » n'est jamais pour rien dans ce qui se passe partout : c’est en effet l'humanité tout entière qu'il faut viser de ses traits même si la domination masculine a été coupable des pires erreurs de jugement d'une espèce vouée à l'extinction par ses propres mains. On trouve en tout cas la conclusion un peu longue et laborieuse après un formidable moment de cinoche étrange et macabre à souhait (parfois pas loin d’un point de rencontre entre The Wicker Man et Le Labyrinthe de Pan avec une touche résolument gore), du genre flippant sans acteur au physique hollywoodien ni artifice inutile, occasionnant les plus gros frissons depuis des années. Un vrai plaisir en salle obscure donc, mais qui pouvait s’arrêter plus tôt tout en oblitérant aussi efficacement sa cible. C’est en tout cas notre opinion, on n’ose pas en dire plus de peur de gâcher la surprise, c’est en tout cas un coup de poing à voir, et vite !

 

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