Goupi Mains rouges de Jacques Becker (avec Fernand Ledoux, Georges Rollin, Blanchette Brunoy, Arthur Devère, Germaine Kerjean, Maurice Schutz, Marcel Pérès, Albert Rémy, Marcelle Hainia, Louis Seigner…) 1943

Genre : roublards & Co.

Scénar : vingt-cinq ans après son départ, « Monsieur », le fils Goupi issu d’un premier mariage, revient au pays endimanché comme un milord pour rencontrer la fiancée qu’on lui a choisie, « Muguet ». Mais on ne se précipite pas pour le venir chercher, heureusement l'oncle Léopold, dit « Mains rouges » se pointe, même s'il n'est pas très heureux de le rencontrer non plus. Pour le plaisir de coller la frousse à ce citadin bien peu chez lui dans cette campagne profonde, il s'arrange pour faire passer « Monsieur » chez lui où trônent d'innombrables animaux empaillés et d'espèces de poupées vaudou. Un autre Goupi, « Tonkin », est amoureux de « Muguet », et il semblerait que cela soit réciproque à l’en croire. Et pour arranger le tout, voilà que « Monsieur » est accusée d'un vol (en fait commis par « Tonkin »), et peut-être même de meurtre ! Même son propre père le croit coupable et le harcèle pour qu'il avoue ce que « Monsieur » déclare ne pas avoir fait. Et puis tiens, quand un des « morts » se réveille soudain, tout Le monde veut savoir où son légendaire magot est caché. Tu parles d’une bande de philanthropes !

D'après Pierre Véry, auteur de L’Assassinat du Père Noël et Les Disparus de Saint-Agil, Goupi Mains rouges donne l’occasion à Jacques Becker ¹ de rassembler des tonnes d'acteurs du cinéma français classique : Blanchette Brunoy, Fernand Ledoux, Louis Seigner, Georges Rollin, Marcel Pérès et Robert Le Vigan qui crève l'écran en passant avec un style unique et brut de la tendresse à la folie furieuse, sa carrière est pourtant d'ores et déjà condamnée puisqu'il ne tardera pas à s'engager gravement dans la voie de la collaboration avec les Allemands au point de devoir s'exiler après une petite balade à Sigmaringen au côté des ruines de l'élite collabo dont Louis-Ferdinand Céline, ce que l'écrivain raconta dans une trilogie de romans (à partir de D'un château l'autre).

Tourné sous l’Occupation donc, le film en adopte un peu la noirceur avec cette bande de radins charantais dont quasiment tous les memebre ont comme nom des surnoms et qui se distinguent tous par de vilains côtés. « Et ça continuera tant qu'il y aura des Goupi », une chouette famille de roublards et d'originaux interprétée par d’excellents acteurs servis par un scénario et un ton grinçant (les dialogues secs fusent malgré les moments parfois mignons). Un classique, malgré la période noire du tournage.

¹ voir aussi Touchez pas au grisbi de Jacques Becker (avec Jean Gabin, Lino Ventura...) 1954.