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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : propagande de gauche
Scénar : l’instituteur a beau pérorer sur les innombrables avantages que représente le fait d'habiter la France, ses élèves vivent quand même dans la pauvreté et ne côtoieront jamais le luxe qu'il évoque. Parce qu’en réalité, « la France n'est pas aux Français mais à ceux qui la pillent », ces fameuses deux-cents familles (habituels épouvantails mythiques, dans le plus mauvais sens du terme, régulièrement brandis à la fois par la gauche et la droite) et leurs actionnaires ici généreusement caricaturés dans le caractère insatiable de leur besoin de jongler avec l'argent pour exercer ensuite des compressions de personnel et autres saloperies entraînant toujours plus de précarité générale. Ce que les communistes qualifient comme alliés de ces puissants, les fascistes, ont déjà fait des étincelles en 1934 et ils s'entraînent toujours plus pour prendre le pouvoir quand il le faudra. « Rien à faire ? Si, il y a le Parti communiste ! »
Dommage que l’exemple à suivre soit l'URSS que l’on tente ici de décrire comme une sorte de paradis social : le futur apportera un démenti cinglant et on ne parle pas encore du pacte germano-soviétique qui sera discrètement signé en août 1939… De droite, de gauche ou du centre, ici on dégueule abondamment à grands jets multicolores sur toute tentative de propagande qu’on essaie toujours de nous faire rentrer dans le crâne pour mieux l’asservir. Mais des exercices de la sorte peuvent parfois servir de documents historiques pour expliquer un événement dans son contexte, témoin ce film d'un peu plus d'une heure commandé par le Parti communiste en 1936 quand les élections étaient sur toutes les lèvres et verront par ailleurs enfin la victoire accordée au Front Populaire. Le film connaîtra un destin bizarre puisqu’interdit à sa sortie, il ne sera diffusé / vendu qu’à la toute fin des années 60 (!) après une période de projections sous couvert associatif.
S’il on crédite souvent Jean Renoir pour la réalisation de ce métrage aux images d'archives mêlée à des séquences de fiction et où figure le gratin du parti communiste de l’époque (Marcel Cachin, Paul Vaillant-Couturier, Martha Desrumeaux, Jacques Duclos, Maurice Thorez…), dans l’équipe figurent aussi de prestigieux assistant : Jean-Paul Le Chanois (ce projet aura sûrement de l’influence sur ses travaux suivants, Espagne 1936 bien sûr mais aussi Le Temps des cerises), Jacques Becker (pour un de ses premiers travaux), Henri Cartier-Bresson (qui persévérera avec entre autres trois films à la suite sur la guerre d’Espagne) et André Zwoboda à qui l’on devra six ans plus tard une surprenante et rare incursion française dans le domaine de la science-fiction, Croisières sidérales, et une quinzaine de films jusqu’au milieu des années 50. La Vie est à nous ne manque pas d'humour, certaines images sont bien choisies, on fait aussi aboyer Hitler, ce qui lui correspond tout à fait. Dommage que le discours ultramanichéen soit si gros tout de même, l’antifascisme prendra un grand coup de massue quand le stalinisme affichera ses crimes au grand jour et rejoindra les pestes nazie et fasciste dans l’enfer des idéologies meurtrières. Le combat en valait la peine, les outils étaient imparfaits, les dés pipés.
Ni dieu, ni maître, ni capital depuis le temps qu’on le crie sur les toits !
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