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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : l’enfer est pour les héros
Scénar : une série d'incidents est soupçonnée d'être en réalité l’œuvre d’agents nazis sur le territoire américain. Le consulat allemand réfute officiellement l'hypothèse mais est alarmé d’être trop voyant dans ses actions. Son réseau d’espions doit être mieux protégé. On décide alors de faire appel aux sentiments patriotiques d’un libraire philatéliste d'origine allemande, Otto Becker, qui passait sûrement plus de temps à discuter avec son petit oiseau qu’avec des humains. Un humain l'attend pourtant dans son bureau : Hugo, une très vieille connaissance puisque son frère jumeau, farouche partisan de l'Allemagne nazie. Hugo tente de lui faire comprendre qu'il pourrait gagner bien plus d'argent en collaborant avec le pays mais Otto refuse bien sûr. Sauf que son frère a un moyen de pression : Otto est entré clandestinement aux États-Unis et il pourrait facilement le faire rapatrier bon gré mal gré. Le piège est tendu, son magasin va devenir une boîte aux lettres pour les nazis, à moins qu’il ne s’y refuse et réussisse à contacter l’extérieur par le biais d’un ami ? La tentative se solde par la mort de cet ami, ce qui met Otto en fureur. Hugo est tué dans la bagarre, Otto est contraint de prendre son apparence, il essaiera par la même occasion de faire capoter les projets du Reich. Saura-t-il jouer son rôle quand la sinistre Gestapo fait son entrée dans l'histoire ?
Par ce générique qui précipite tout dans une toile d'araignée très symbolique afin de désigner un cancer politique qui a des ramifications partout dans le monde libre, on sait à peu près où on met les pieds. Il y a quelque chose de Hitchcock dans ce scénario alternant un peu de suspense et de la romance quand une personne complètement innocente se retrouve coincée dans un terrible piège à souris. Et Conrad Veidt se révèle être un très bon acteur dans ce rôle dramatique qui passe sans trop avoir le choix d'une personnalité paisible à un sinistre pète-sec, personnalité principale d'un réseau expéditif quand il s'agit de se débarrasser d'indices gênants comme un corps par exemple, on s'étonnera tout de même qu'un macchabée enfermé dans une caisse soit immédiatement embarqué par les complices du défunt et balancé à la baille sans vérification aucune alors que l'on découvre à peu près dans le même temps des nazis tellement organisés que l'existence du propriétaire de la paisible boutique est documentée par l'ennemi d'une manière typiquement gestapiste depuis des lustres. Les paradoxes font partie intégrante de l'univers du film d'espionnage, particulièrement quand comme celui-ci il a des visées de propagande político-belliciste, on reste d'ailleurs encore sous le choc de la dernière séquence du film, on ne peut a priori pas faire plus clair que cela dans le genre.
Au même titre qu'un Fritz Lang qui s'engage résolument dans la résistance antinazie et la réalisation de films de propagande qui favoriseraient l'entrée en guerre des États-Unis (voir par exemple Chasse à l'homme (Man hunt) de 1941), Jules Dassin, très engagé à gauche, mais aussi Conrad Veidt, vétéran allemand du cinéma (on le voit dès 1917 à l’écran et dans de nombreux classiques : Le Cabinet du docteur Caligari, Les Mains d'Orlac, Le Cabinet des figures de cire, L’Homme qui rit, Le Voleur de Bagdad, on le retrouvera cette même année 1942 dans le mythique Casablanca, il meurt l’année suivante d’une maladie du cœur à seulement cinquante ans) et exilé avec son épouse juive dès l’arrivée d’Hitler et sa clique au pouvoir, se lancent et Nazi Agent s’avère être un très bon film, d’une grande noirceur, il est un peu gâché par sa fin mais l’atmosphère délétère, des personnages implacacables et un scénario bien ficelé seront les arguments pour s’offrir un visionnage. Pour revenir à Conrad Veidt que l’on devrait vraiment redécouvrir, sa fin de carrière s’illustre par le même genre d’œuvres à message, outre Casablanca, on peut le suivre dans Espionne à bord et Évasion (1940), Échec à la Gestapo (1942, déjà avec Humphrey Bogart) et Un espion a disparu (son dernier film réalisé par Richard Thorpe en 1943 avec pour partenaire Joan Crawford).
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