Chroniques DVD
28
Fév
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : drame rural

Scénar : douze ans qu'il est parti, mais s'il ne reconnaît pas tout le monde, tout le monde le reconnaît, et comme dans tous les villages, on a tôt fait de tout savoir : François est de retour au bercail après un problème aux poumons et vient achever sa convalescence dans son village natal après un séjour en Suisse. Dès sa descente du bus, il revoit Serge, son ancien ami si épatant par le passé qui a dû épouser depuis une fille qu’il avait mise enceinte et qui perdit son enfant juste après. C’est alors qu'il en attend un deuxième qu'il ne s'est jamais autant saoulé. Une obsession naît : François veut comprendre pourquoi Serge est devenu comme ça, coûte que coûte.

Reprochant beaucoup de choses au cinéma de Papa, notamment sa sale habitude de filmer en studio, son manque de lien avec la réalité et sa somnolence dans un milieu convenu composé des mêmes personnes depuis des décades alors qu’exerce une jeune génération aux dents longues et largement méprisée et par la presse et par les confrères, Claude Chabrol lance plus ou moins officiellement, en même temps que ce premier film, la Nouvelle Vague. À la différence de ses collègues, c’est à la faveur d'un héritage que fait sa femme qu’il réalise directement un long-métrage (l'autoproduction durera d’ailleurs pour Les Cousins). Entièrement réalisé dans la commune de Sardent dans la Creuse où Chabrol avait vécu pendant l'Occupation quand ses parents se consacraient à la Résistance, Le Beau Serge montre une vie vraie, telle qu'on pourrait la vivre exactement comme la vit le chouette Brialy face à un Gérard Blain saisissant dans son rôle, formidable, touchant et attachant. Chabrol aussi avait perdu son premier enfant, peut-être cette douleur a-t-elle pesé dans la mise en scène ?

Le paysage super paisible dans lequel apparaît le bus dans lequel voyage Brialy a beau être de toute beauté pour qui aime la campagne, certains habitants le savent, « Bientôt il n’y aura plus personne ici », la désertification s'annonce, on constate par exemple déjà le désarroi des prêtres devant les églises qui se vident inexorablement (et ce n’est qu’un début), le besoin de piment dans la vie des uns et des autres (pour quelqu’un qui doit conduire un camion pour un marchand de bois, Serge met beaucoup de vin dans son café, sa belle-sœur, interprétée par la belle Bernadette Lafont, n'a pas l'air farouche du tout ni contre les expériences nouvelles) quand l’existence semble figée dans le temps (on croirait la Mère Denis qui vient chercher François, et là aussi, on peut dire qu’aujourd’hui encore de telles scènes sont possibles dans les contrées reculées et elles ne manquent ni de charme ni de sincérité. Tiens, un autre grand apparaît et à l’écran et derrière la caméra en tant qu’assistant réalisateur : Philippe de Broca, future superstar des classements.

Bonus : bandes-annonces de Le Beau Serge et Les Cousins, « Chabrol lance la vague, 1ère partie : Le Beau Serge » (53’), documentaire de Pierre-Henri Gilbert qui s'ouvre sur l'anniversaire surprise des cinquante ans de cinéma de Claude Chabrol en 2008, il contient des entretiens avec Bernadette Lafont, Claude Zidi, François Guérif ou Claude Chabrol lui-même entre autres. La superposition des images du film sur des images du village actuel est une excellente idée pour s’apercevoir que le changement n'a pas vraiment été opéré dans la Creuse, bulle de quiètude du coup bien attirante.

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