Chroniques DVD
28
Fév
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : cassée, la voix…

Scénar : John Chandler, son fils David et leur chien Sam sont sur la route bien qu’on les avertisse qu'ils se sont peut-être trompés de direction en choisissant celle du Nord. La guerre finira-t-elle un jour dans les cœurs américains ? Quoiqu’il en soit, David est muet suite à un traumatisme et John l'amène chez un énième toubib mais d’après celui-ci, l’enfant a besoin d'un spécialiste qu'ils pourraient trouver au Minnesota. Le chien montre quant à lui un sacré don pour emmener les troupeaux et attire les convoitises du fils de l’éleveur de moutons Burleigh. Il tente de le voler et tant qu’à y être d’humilier notre sudiste. Pas de bol, John sait cogner mais, pris en traître, il est ramassé par le shérif et passe en jugement. Contre toute attente, Linnett Moore le tire d'affaire et l’engage à sa ferme, la ferme d'une femme qui n'est pas « honnêtement mariée » mais qu’elle compte bien faire tourner malgré les pressions paternalistes et les on-dit de bourgade. Les deux nouveaux venus se mettent à l'ouvrage, ce qui n'est pas pour déplaire à Linnett, le trio forme d’ailleurs d'emblée une famille et a des résultats mais les problèmes recommencent quand l'éleveur voisin décide qu’il fera n'importe quoi pour s'approprier la ferme. Va y avoir du vilain…

Franchement, au fil des lectures et autres visionnages depuis l’enfance, on hallucine que le racisme Nord-Sud soit tellement profond après la guerre de Sécession, il en est presque surréaliste (et peut-être même pire dans la réalité) mais quand on voit les relations que les régions françaises entretiennent parfois entre elles, l'homme est un loup pour l'homme, le cinéma n'invente rien, les cons sont légion. Ceci dit, ce sujet n’est pas forcément le principal de ce beau western, ce serait plutôt la différence, dans tous les sens du terme, que creusent des handicaps (ici le mutisme), des attitudes (mais vieille fille toi-même, pauv’ tâche !) ou des « niveaux » de classe sociale : le besoin de dominer des possédants inspire bien sûr la gerbe et on est bien content de voir les méchants s’en ramasser quelques-unes dans la ganache mais le rêve prend fin rapidement, c'est de la vraie vie que l'on cause, de la course au profit et de la méchanceté atavistique de l'homme qui mérite le plus souvent les abattoirs qu'il se construit tout seul. Et malheureusement, tout commence dès le plus jeune âge comme l’illustre une scène de bagarre d'enfants, un truc pas très courant au cinéma, particulièrement dans le western où les mâles règnent et règlent d’habitude leurs comptes entre eux.

Alors bien sûr, le scénario est comme souvent cousu de fil blanc mais plutôt joli, ces western qui tournent autour du bétail forment un sous-genre relativement agréable, bien moins macho et clinquant que le championnat de pistoleros auquel on peut le plus souvent avoir droit, et ce modèle-là est de plus affublé d’une vraie jolie musique (par exemple quand la robe de Linnett ressort de son coffre). Sous la direction du grand Michael Curtiz, Olivia de Havilland livre une belle prestation, Alan Ladd est un acteur à la hauteur même entouré d’une belle grappe d'affreux remarquables (Dean Jagger, Harry Dean Stanton, même le mythique John Carradine vient faire un tour rapido !), Ladd est même venu avec son fils qui joue très bien (et puis bon, un muet, c’est économe en texte si on est un peu timide non ?) tout comme King, un border très doué qui porte bien son nom en ce qui concerne le regroupement de troupeau express. Tout ceci fait, malgré son titre complètement ridicule, de ce Fier rebelle un très beau film, sensible mais pas exempt d'action, de suspense et de positif, ça change un peu qu'on ne tombe pas amoureux des enfoirés de service qui prendront la prépondérance sur quasiment toutes les affiches de la décennie suivante grâce au cinéma italien.

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