|
Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : noir
Scénar : en 1945, deux mois après la fin de la guerre, alors que cela ne s'était pas produit depuis quatre ans, le train s'arrête à la petite station de Black Rock, au milieu de nulle part. L’événement ne laisse pas d'étonner les habitants de cette ville microscopique constituée d’une douzaine de maisons tout au plus. Tout le monde se pointe sur le pas de la porte pour voir l'homme qui descend de son wagon. Les regards ne sont pas tendres car l’étranger manchot monsieur McReedy n’est pas attendu, et quand il annonce qu’il cherche un taxi pour aller à la Rivière morte tout se corse, le réceptionniste de l’hôtel lui dit qu'il n'a pas de chambre disponible, le garage n’a pas de voiture, le sheriff pas d’informations, chouette ambiance… Mais le voyageur ne se démonte pas malgré une certaine agressivité de la part des cowboys locaux. Que s'est-il donc passé à la Rivière morte que les habitants de Black Rock veulent absolument cacher ?
On adore John Sturges pour ses films de guerre ou d’aventure 1, on connaît moins ses films noirs et celui-ci est excellent, déjà pour le nombre impressionnant de sales tronches réunies : Spencer Tracy, Robert Ryan, Walter Brennan, Ernest Borgnine, Lee Marvin, un vrai festival de renfrognés de légende réunis après la chouette séquence d’un train qui file à toute allure comme un mille-pattes speedé au milieu d'une nature aride au rythme d'une musique elle aussi effrénée, l’ambiance se veut ensuite bien plus pesante dans cette histoire tout en allusions pleines de morgue, en sous-entendus fielleux, les dialogues venimeux entre les uns et les autres claquent comme des coups de fouet et l’on aurait bien tort de croire que le manchot taciturne qui déboule en ville part perdant, y a du coriace et on pourrait très bien transposer l’histoire dans un décor de western tant bien des caractéristiques de celui sont ici réunies.
Bad Day at Black Rock, titre original bien plus frappant (comme souvent) que sa version française, est un film tout à fait formidable, compilant en plus de ses interprètes formidables jolie photographie, jolie musique et joli décor. L’ambiance noire est de plus zébrée de scènes d’action (la course-poursuite, la baston qui s’ensuit, la fusillade…) mais même s’il se déroule régulièrement en extérieur, le film, adaptation d’un roman de Howard Breslin portant le même titre (et sortie en France à la Série Noire) tourne au huis-clos à l'ambiance claustrophobique, comme pour faire peser sur le public américain le souvenir d’une injustice terrible envers leurs ressortissants japonais (méprisés, soupçonnés, emprisonnés pendant la seconde guerre mondiale…) dont la situation est aussi abordée par le scénario, soulignant les amertumes d’une certaine partie, revancharde mais aussi complexée, comme ici le personnage de Smith, de la population étatsunienne.
Un grand film au sous-texte puissant.
1 afin de lire plein d’autres chroniques à l’occasion, clique juste sur les noms en rouge.
Ne partez pas sans avoir "aimé la page", retrouvez tous les articles, vidéos et reportages sur votre mur. Soutenez Nawakulture en vous abonnant à la page Facebook et en partageant les chroniques.