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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : eurospionnage
Scénar : l’Espagne, Madrid, ses arènes où ses salopards de toréadors sont toujours prêts à montrer le bout de leur épée et c'est bien dommage que les taureaux ne les massacrent pas comme ils le mériteraient… Question Mort, elle rôde aussi dans les gradins… Avant de plonger dans son dernier sommeil, une demoiselle qui assiste à la boucherie se fait piquer par son voisin de rang un tube métallique, l'electroscomètre gamma, qu'elle trimballait dans son sac. Cet engin révolutionnaire est un neutralisateur d’électricité à grande échelle et le laisser tomber dans les mauvaises mains est un gaffe que doit réparer l’agent des services spéciaux britanniques Martin Stevens, dit Super 7. Il va pour ce faire sillonner l’Europe pour retrouver, et éliminer, tous ceux qui ont pu être en contact avec le dispositif et en avoir gardé le plus petit détail en tête. Mais l’ennemi, que l’on devine piloté par la Chine, ne se laissera pas flinguer sans réagir. Prends garde à toi Super 7 !
À Londres, les agents beaux gosses se disputent un petit peu la jolie secrétaire du patron grand fumeur de cigares. Le standard pour le héros au service secret de Sa Majesté ? Être sûr de soi, impitoyable (bien que ces personnages laissent parfois paraître de vrais sentiments de bonté, bien évidemment très rares), bien sapé, sensible à la flatterie et légèrement obsédé par la chose sexuelle à chaque envoi en mission n’importe où dans le monde où l’attendent des pépées invariablement vénéneuses et court vêtues, de bonnes sales gueules (un français, un turc et un ghanéen, ça sonne comme une blague pourrie, non ?) pour de bonnes bagarres (super bien chorégraphiées entre lutte, savate, karaté e tutti quanti), des courses-poursuites en jolies voitures à gros phares ronds, non, franchement, ça ne vous rappelle personne ? Ah, James Bond, ça y est, z’ont compris ! Mais aussi OSS 117 (apparu en 1949, donc BIEN AVANT 007 puisqu’il semble que tout le monde n’ait pas encore compris !), Coplan (1952) et même San-Antonio (1949 itou), espion à ses débuts sous l’Occupation et juste après !
Pour bien faire, on s’inspire d’un événement retentissant récent (la panne électrique générale de New York de 1965), on choisit un acteur américain venu comme tant d’autres tenter sa chance en Italie, ici Roger Browne (Heroes die young, Les Dix gladiateurs, Les Gladiateurs les plus forts du monde, 1.000.000 de dollars pour 7 assassinats…), on ajoute une jolie blonde (Emma Danieli, de La Terreur des mers, Je suis une légende, Le Tonnerre de Dieu), on fait balader les deux à Paris, Genève, Athènes en n’oubliant pas les endroits classe : hôtels bien sûr, mais aussi cabarets (tiens THE MINIS, futurs APHRODITE’S CHILD, sont de la partie pour un numéro entre ambigu berlinois et sirtaki), fête foraine où personne n’entend les coups de feu (dites, les silencieux, c’est pour les chiens ?) qui de tout de façon ne font même pas mal (personne ne saigne jamais ou presque !), on n’oublie pas de caser les sponsors (J&B heavy-demment mais aussi Johnny Walker et pourquoi pas Gauloises) et de dénoncer clairement les méchants (pour une fois les tchécoslovaques ou les chinois remplacent les sempiternels russes).
Alors bien sûr, avec ce cocktail bien connu viennent aussi les ficelles grosses comme des maisons, l'exotisme de carte postale (parfois de jolies promenades dans les capitales du monde avec une musique qui singe l'humeur locale), les bizarreries linguistiques des doublages (on parle italien à Paris, français à Genève…) et aussi donc les fleurs dont on tresse les couronnes… Tout ça pour accoucher comme souvent d’un film à la fois aussi inutile qu’essentiel. Inutile parce qu’on en a vu des tonnes et pas grand monde ne se démarque de cette nombreuse palanquée qui ne durera pourtant qu’une poignée d'années. Essentiel parce que les fans du genre sont toujours heureux de tomber sur de nouveaux films pas encore édités correctement, merci donc Artus et (Indiana) Gilles Ermia pour ce joli petit digipak qui rejoint les deux premiers Opération Goldman et Operation Re Mida (Lucky l’intrépide) dans une collection Euro Spy que personnellement on espère voir s’épaissir (Super 7 appelle le Sphinx au moins, pour compléter le diptyque, allez quoi !).
Particularités rigolotes de ce film : une scène expliquera aux néophytes comment savoir perdre discrètement une chaussure pendant une course-poursuite, une autre confirmera l’efficacité des images psychédéliques sur le sommeil des détenus, une dernière montrera que comme dans X-Or ou Bioman, un type peut commencer à courir en ville pour se retrouver carrément à dix kilomètre de là, certes un peu essoufflé mais pas trop décoiffé, où l’attend un beau paysage aux abords désertiques et perclus de béton allemand de l'époque Südwall. L’aaaaaventure, c’est l’aventureeeeuh !
Bonus : bande-annonce originale, Mission Eurospy (présentation du film par Christophe Bier) et générique italien (qui donne subrepticement des indices sur l'intrigue)
Infos / commande : https://www.artusfilms.com/euro-spy/des-fleurs-pour-un-espion-326
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