Chroniques DVD
14
Avr
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : pré-inspecteurarrital

Scénar : vague de crimes sans précédent sur la ville ! Et c’est bien beau les conférences des « spécialistes », « rendre aux citoyens leur confiance en la justice » n'est pas une mince affaire, surtout si certains, même parmi les flics, déplorent que les truands sortent trop facilement de prison. Certains comme le multi-récidiviste malin Bettarini se prennent pour des cadors, provoquent même mais sont relâchés pour…manque de preuves ! Comment ne pas alors comprendre la grande colère du commissaire Bertone ? La couche de plus : deux jeunes bandits attaquent une bijouterie, tuent une femme et un homme sur leur passage, tout ça sans avoir récupéré une lire ! Comble de l’ironie, les flics sont éreintés par les journalistes, accusés de taper plus fort sur les étudiants et les ouvriers que sur le crime, au point que les agents n'osent plus tirer à cause des scandales et des bavures… Pour attraper les deux types, les flics raflent tout un tas de mal coiffés (dont un dit s'appeler Sartana) qui ne montrent aucune peur, pas de respect, Bertone leur dit de foutre le camp, à dessein, car une foule furieuse attend, hurlant sa volonté de faire justice elle-même, c’est dire le climat. Mais dans l’ombre, d’autres ont décidé d’agir en parallèle et de manière radicale : une milice factieuse qui joue au peloton d'exécution post-gestapiste.

Bon, on ne va essayer de vous prendre pour des quiches même si parfois bon, euh, alors : oui, voici encore un film (germano-)italien datant des Années de plomb (disons 1969-1980, période d’attentats et de soupçons de coup d'état imminent) et qui déploie un discours généralement positionné à droite à cause d’une sécurité nationale d’une grande précarité : les policiers ont les mains liées, les journalistes sont tous contre eux, la justice est du côté des méchants et cætera … Typique de l'époque, mais pour autant pardonnable car d’un autre côté, cette police si décriée (parfois avec raison quand elle exprime - on est en 1972 en Italie ! - une certaine aversion pour l’homosexualité et les travestis) peut procéder astucieusement pour montrer ce à quoi elle est confrontée au quotidien : une visite de Rome de nuit en bus pour une conférence de presse-vérité, ça, c'est de l'idée. On y découvre que la prostitution est à l’époque la banque de la pègre et la prison l’université du crime, des idées qui se tiennent et qui restent acceptables. Ce qui l’est bien moins, c’est cette extrême droite qui se croit permis de faire justice elle-même (point commun avec la mafia qui n'a pas de prison et qui donc est contrainte d'appliquer les peines les plus définitives), pensant sûrement que le peuple et ses institutions n’ont pas le niveau requis pour régler ses problèmes : FUCK OFF.

Servis par une bande originale au poil de Stelvio Cipriani, l’équipe formée de Stefano « Steno » Vanzina, scénariste puis immense réalisateur spécialiste de la comédie italienne, par exemple pour Totò, mais pas que (voir Malabar (Un flic hors-la-loi), Le Cogneur, bref les polars musclés avec Bud Spencer sans Terence Hill), l’actrice Mariangela Melato (Miracle à l'italienne, Mimi métallo blessé dans son honneur, Film d'amour et d'anarchie, Flash Gordon…), les acteurs Enrico Maria Salerno (comment ne pas être fan avec les Hercule à la conquête de l'Atlantide, Le Masque de fer, Le Procès des Doges, Bandidos, Sentence de mort, Un train pour Durango, La Bataille de El Alamein, L'Oiseau au plumage de cristal, La Police au service du citoyen, Le Dernier train de la nuit et tant d’autres ?!) ou Mario Adorf (dont la filmographie-fleuve est un catalogue de ce qui se faisait de mieux en cinéma populaire, et figurez-vous que l’homme tourne encore de nos jours !!) livre un polar froid et super typique, quasi-documentaire même si cousu de fil blanc avant L’Inspecteur Harry de Magnum force (!) sans emprunter de chemin politique vraiment controversé : le film est même un instantané réfléchi d'une époque où choisir l'intégrité est très compliqué, pour ne pas dire déconseillé. Et au passage, encore un super boulot de Gilles Ermia à la technique.

Bonus : diaporama, bande-annonce originale, présentation du film par Emmanuel Le Gagne.

Infos / commande : https://www.artusfilms.com/polar/societe-anonyme-anti-crime-321

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