Le Pirate des mers du sud de Byron Haskin (avec Robert Newton, Connie Gilchrist, Lloyd Berrell, Grant Taylor, Rod Taylor, Harvey Adams, Muriel Steinbeck, Henry Gilbert, John Brunskill, Eric Reiman, Harry Hambleton…) 1954

Genre : suite fictive

Scénar : deux marins pénètrent dans une auberge bourrée à craquer de gens ivres, peut-être un peu trop au goût de Long John Silver qui fait partir sa lame dans le mur, juste comme ça, pour prévenir. Les deux nouveaux arrivants sont éconduits car reconnus : ce sont des membres de l'équipage du fameux Mendoza, ennemi de longue date de Silver mais aussi du gouverneur dont, Silver l’apprend d'un marin mourant, la fille a été enlevée mais aussi Jim Hawkins qui a lui peut-être même été tué. Les « vigies de Mendoza » surveillent mais Silver propose au gouverneur de récupérer la fille, de défaire Mendoza, et par la même occasion de sauver Jim. Après tout, faire s'opposer un pirate à un autre pirate paraît être une solution sensée pour un honnête homme de la société du monde civilisé. Dans le même temps, Silver embobine Mendoza en lui faisant miroiter un double jeu et un hypothétique partage, il se débrouille au passage pour que Jim s'échappe, le jeune garçon étant, sans le savoir lui-même, indispensable pour récupérer le trésor de l’île, oui, celle-là même où le capitaine Flint a laissé tout un tas de richesses pas encore ramassées, c’est reparti pour un tour ! Les voyages forment la tirelire ! Ou un truc comme ça !

Robert Newton ! On savait bien ¹ qu'un acteur pareil ne pouvait pas longtemps passer inaperçu avec ce rôle qui l’avait fait connaître ! Du coup cette suite, vraie-fausse adaptation de l'univers de Stevenson, arrive quatre ans plus tard avec son nom écrit en gros dessus et réalisée par le même Byron Haskin. Et c’est encore pire que dans le précédent, Newton dépasse tellement tout le monde de deux têtes (au niveau jeu, exubérant et roublard) qu’on ne retient pas grand chose des autres protagonistes de cette aventure. Et des producteurs iront même plus loin dans l’exploitation du filon d’un tel bonhomme en créant une série télévisée de pas moins de vingt-six épisodes autour des aventures du seul Long John Silver, série qui sera son œuvre finale puisqu’il meurt en 1956 d’un crise cardiaque liée à l’abus d’alcool. Question pirate, Robert Newton trouvera des rôles similaires (notamment dans Barbe-Noire le pirate), sans oublier sa présence au générique du Jamaica Inn de Maître Alfred Hitchcock où les naufrageurs ne se montrent pas plus honnêtes que les flibustiers ! Javert des Misérables, Fix du Tour du monde en 80 jours, Sykes d’Oliver Twist, voilà un homme qu’on ne destinait pas aux personnages légers, il y montra tout son talent.

Et bien sûr que personne n’échappera à une nouvelle brochette de tronches pas possibles d’où sortent comme des virgules, entre des dents à l’état de ruines plus ou moins avancées, d’affreux rires tonitruants ! Bien sûr que les gentilhommes de fortune ne portent ce nom que pour la légende et sont toujours prêts à s’étriper pour une poignée de pièces ! En tout cas, ils ne se battent pas pour partager leur vie, il faut voir à quelle vitesse peut décamper un Silver à qui l’on tente d’imposer le saint sacrement du mariage : sauv’ qui peeeeut !! D’autant que la matrone impitoyable tente de lui faire ingurgiter le breuvage infâme parmi les infâmes : du lait !! Peuarkh !! Heureusement d’ailleurs que le salopard et la harpie sont là pour mettre un peu le souk car cette sorte de suite s’avère bien décevante par rapport à l' « original », l’acteur incarnant cette fois Jim manque par exemple cruellement de charisme et même un poil de fantastique, et même un poil d'animation n’y feront rien pour apporter un plus au classicisme ambiant. On s’en doutait bien sûr, mais la saga des adaptations de L'Île au trésor ne s’arrête pas là, on y reviendra un peu plus tard pour ne pas trop vous fatiguer avec un de nos romans de chevet. Si vous saviez ce qui vous attend pour la suite… On vous entend déjà râler !

La phrase du film : Silver, aux hommes qui remettent son autorité en doute : « vous valez moins que de la crotte de baleine ! »

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