Chroniques DVD
29
Mar
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : le début de la fin de la fin d’un monde (ou presque…)

Scénar : 1943. Encore une attaque aérienne au-dessus de Rome, les gens se précipitent dans les abris, la commerçante Sofia et sa fille Rosetta sont terrorisées, si elle était un homme, Sofia prendrait un fusil et se battrait, mais elle est avant tout une mère veuve qui doit mettre sa fille à l’abri : elle va laisser la surveillance de son magasin à Giovanni, un homme qui semble avoir beaucoup d'intérêt pour celle qui fut mariée par intérêt à un vieux riche depuis décédé. Giovanni souhaiterait presque que sa femme meure pour pouvoir épouser Sofia, cela ne l'empêche pas de lui faire l'amour avant son départ, mais…« je n'appartiens pas à personne » s’exclame Sofia, et la voilà partie sur la voie de l’exode vers le sud d’abord par le train, puis à pieds, une bombe ayant endommagé la voie. Dans ce chaos naissant, les fascistes n'ont rien d'autre à faire que de rechercher les déserteurs, mais qu'ils n'approchent pas Rosetta où ils verront de quel bois se chauffe sa mère, une vraie panthère quand elle s’y met ! Mère et fille parviennent à destination, où les gens n'ont d'autres occupations que de s'occuper de leurs affaires, de manger et de jouer de la musique. Seul un jeune homme promet de se suicider si les Allemands gagnent la guerre : Michele l’idéaliste est révolté de les voir tous se goinfrer pendant que les autres crèvent, écœuré par ses voisins qui portent des insignes fascistes et disent n'avoir jamais voulu la guerre. Cette guerre qui va malheureusement les rattraper…

La Ciociara, ou le théâtre d’un drame absolu qui montre que la libération de l’Europe par les troupes alliées n'a pas été qu'une bonne nouvelle pour une partie de la population. En effet au sud-est de la capitale italienne, des exactions ont été perpétrées par une partie des troupes du général Juin. Cette coproduction italo-française est l’adaptation néoréaliste d’un roman d’Alberto Moravia évoquant la ruine de l’Italie fasciste et l’attitude respective de gens tout à fait différents : ceux qui résistent tant qu’ils peuvent à la peur (il y en a même qui tendent la main à des parachutistes de l’avant-garde alliée malgré la paranoïa qui règne) et croient en une sorte d’avenir, ceux qui s’éparpillent quand ils apprennent l'emprisonnement du Duce, ceux qui pour vivre trafiquent à des prix exorbitants (on peut même dire que les relations entre les gens sont pratiquement toujours basées sur ce dont on peut se servir chez autrui), ceux qui pilotent les avions qui survolent les campagnes pour aller bombarder Rome mais qui n'hésitent pas à mitrailler les civils sur les routes, les fils de rien « libérateurs » qui violent des femmes, tout ça pour rappeler que cette saloperie de guerre n'est rien de plus qu'un moyen pour les bêtes d'assouvir leurs instincts primaires, leur domination criminelle sur un monde qui s’apparente à un véritable enfer pour l'innocence, vois cette scène touchante de la femme qui est devenue folle en perdant son enfant et qui propose son lait aux passants !

Pourtant il y en en a qui semblent plus forts que les autres, coûte que coûte. Quelle femme à faire perdre la tête à n'importe qui ! Sophia Loren est éblouissante dans ce rôle de femme indépendante, fière et forte quand l’homme reste dominant dans une société patriarcale malgré l’effondrement : « moi, j'ai ma fille, ça me suffit », le reste elle s’en fout, elle est une libre penseuse féroce et un même bien pensant comme Michele (Jean-Paul Belmondo qui interprète un drôle de personnage délicat et assez étrange dans sa filmographie pour le moins virile) ne trouve pas grâce à ses yeux, pire, il est amoureux d’elle mais elle le trouve trop jeune, et si sa fille était plus âgée elle lui aurait peut-être donné ! On note au passage que ce personnage s’était destiné à devenir prêtre, Belmondo eut death-y-dément beaucoup de relations avec les ordres dans sa carrière italienne (sans même parler de Léon Morin). Malgré son discours ancré en gauche, Michele lui-même s’embrouille un peu avec le présent et l’avenir, c’est en fin de compte l’allemand qui pense avoir (et a) la vision la plus claire de la société : des riches profitent pendant que des paysans crèvent la fin, et tous ne se rendent pas vraiment compte que cet ordre subi est établi, quasiment pas contesté… Heureusement, les ravages de la guerre se rapprochent, rien de mieux pour mettre ces chers êtres humains sur un pied d’égalité quand il s’agit de mourir pour des idées. On avait dit « D’accord, mais de mort lente » non ?!

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