Chroniques DVD
28
Fév
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : Totò n’en a rien à foot !

Scénar : à Cerignola, l'entraînement n'est pas facile quand l'équipement ne suit pas mais d'après l'entraîneur qui a toujours tout sacrifié à sa passion du ballon rond, à son époque on se débrouillait avec ce que l’on avait, toujours le même discours de la génération précédente à celle qui vient ensuite. Le pauvre Ricardo, éternel remplaçant, est le seul issu d'une famille qui a des moyens, il a même une voiture, c'est ce qui lui vaut le plus de quolibets de la part d'ouvriers et de gens issus de familles pauvres. Et pour cause, il est le fils de Luigi Fontana, propriétaire pingrissime de l'usine où tous travaillent et sponsor à contre-cœur de l’équipe, vu qu’il ne s'intéresse absolument pas au sport (il propose par exemple un jour d'acheter des chaussures d'occasion sous le prétexte qu’elles seront plus confortables et moins douloureuses que des chaussures neuves !). Un jour, Aldo, le meilleur milieu de terrain, se fait virer de l'usine et quitte aussi l'équipe. Mais au fait, ne serait-ce pas parce qu’il fréquente assidument sa fille que le « baron » Fontana a viré Aldo ? Si Fontana se fiche des éventuelles retombées de son geste, la ville peuplée de supporters s’en émeut, le coiffeur l’engage même pour travailler dans sa boutique. Mais voilà qu’un recruteur qui a déjà eu des embrouilles avec l'entraîneur se trouve en même temps en ville avec beaucoup de promesses à la bouche et le soutien de puissants investisseurs qui pourraient bien ficher en l’air les rêves de Cerignola de monter au classement !

Sans même parler d’une énième apparition de la légende comique italienne Totò, un film au générique truffé de dessins ne laisse pas planer le doute sur le genre, c'est une comédie sur laquelle on se jette en grand fan d’Antonio Margheriti qui signe ici le scénario mais aussi sa première (co-) réalisation, Turi Vasile étant pour sa part à la quatrième tout en menant parallèlement une carrière de scénariste (elle durera jusqu’au début des années 1960, Vasile se consacrera dès lors uniquement à la production). Une comédie donc, et typiquement italienne avec ça, sympathique (on chante les mérites du football pour conserver la joie de vivre, on danse et on rit beaucoup) et humaniste (ici, la camaraderie n'est pas factice), l'humour est léger et le drame jamais bien loin car en filigrane les différences de classe contrarient ou du moins compliquent les amourettes, tant qu’à y être une petite cascade de quiproquos viendra épicer le tout pour donner une très jolie comédie à l'ancienne qui porte des valeurs qui sont à des années-lumière de celles qui règnent aujourd'hui sur le milieu du sport, et peut-être aussi sur la société tout entière qui sait ? Elle montre aussi des habitudes cocasses comme cette cigarette de tabac brun (c’est meilleur que la caroube dont le village fait grosse consommation ?) après un match de quatre-vingt-dix minutes, toujours un plaisir manifeste à l’époque, aux antipodes lui aussi des interdictions et de la bienséance de façade en cette époque où l’hypocrisie ne tue pas (ça se saurait !).

Pour revenir à Antonio Griffo Focas Flavio Angelo Ducas Comneno Porfirogenito Gagliardi De Curtis di Bisanzio (ouf !) dit Totò, il interprète ici un « baron » tellement radin qu’il pique des cigarettes à absolument tout le monde pour soi-disant les (il en prend invariablement deux dans le paquet qu’on lui tend) fumer plus tard et dont les mimiques et les coups de colère souvent feinte, la veulerie et la malice ne sont pas sans rappeler un acteur qui s’inspirera pas mal de lui, Louis de Funès. Totò, c’est plus de cent films pas toujours très finauds mais qui ont fait de lui une star transalpine, sa tronche à la Buster Keaton lui donnant un pouvoir quasi-diabolique sur les spectateurs, on dirait qu’il peut tout incarner et tout le monde le fait jouer pour un succès qui est souvent au rendez-vous : Giorgio Ferroni, Mario Bonnard, Steno, Roberto Rossellini, Vittorio De Sica, Christian-Jaque (pour un duo avec Fernandel), Lucio Fulci, Sergio Corbucci, Pier Paolo Pasolini, Dino Risi, voilà une partie du « tableau de chasse » de cet homme à la carrière unique ! Carlo Ludovico Bragaglia, Mario Mattoli, Camillo Mastrocinque et Mario Monicelli seront quant à eux les principaux ouvriers d’une sacrée kyrielle de films avec Totò, pas toujours les meilleurs mais s’attaquant souvent à des parodies très loufoques de grands succès du moment, du film de gangsters à Tarzan en passant par le fantastique, la comédie musicale, le péplum et même le film de guerre. Dommage qu’on le connaisse si peu chez nous.

Un film dans le film à signaler, un western, le premier spaghetti ?

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