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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : Louis De Funès en rodage sérieux
Scénar : à la petite sous-préfecture de Montpaillard, « la ville la plus calme de France » comme cela est écrit sur le panneau à l'entrée, être le garde champêtre n'est pas de tout repos quand on a face à soi Blaireau, un insaisissable braconnier bien pratique quand il s'agit pour les notables pas trop regardants de manger du gibier, mais aussi un joli point noir sur l'ordre que le maire veut pour toujours voir régner sur la ville. Arabella, l’exubérante fille des riches Chaville est la seule, au guidon de son bolide, à faire trembler une cité qu'on croirait mise sous cloche… Le professeur de piano transi d'amour pour elle multiplie les allusions toutes plus grosses que des maisons mais rien n’y fait, pour elle, qui aime l’action et les romans de la Série Noire, les séducteurs locaux sont tous des « nouilles », ses parents désespèrent de la marier, peut-être que le grand concours de pêche organisé par la ville et la participation de Blaireau, plébiscitée par l’opposition qui craint la mort par ennui de la bourgade, apportera un peu d’animation et, qui sait, un prétendant à la hauteur d’Arabella ?
Pour son second film 1, Yves Robert à l'idée de génie d'offrir SON film à Louis De Funès qui galère depuis des siècles à faire remarquer ses pitreries. Il a en effet depuis ses débuts en 1946 déjà participé, parfois fort modestement c’est vrai, à plus de cent films (!!!) alors que ses futurs « camarades » du haut du classement sont déjà depuis très longtemps des stars du grand écran avec des filmographies bien plus minces, on pense notamment à Bourvil, Fernandel ou Jean Gabin dont il est encore très loin du niveau mais ce film lui permet au moins de donner libre cours à la recette qui fera tout son succès quelques années plus tard. Le personnage de l’irascible petit escroc à l’ingénieux service de livraison (qu'en fin de compte tout le monde semble apprécier à sa juste valeur, le restaurateur par exemple, et les huiles gourmettes !) provoque les gags vieillots irrésistibles (le manteau-éventail à venaison, les poissons cachés sous les champignons au marché, le coup de pied pour ferrer à coup sûr…), possède des dons pour la grimace, la mimique, mais aussi pour la danse, le tout avec une énergie formidable !
Il y a du beau monde autour du grand Louis dans cette adaptation de l'humoriste trop oublié Alphonse Allais, de l’éternel gendre insupportable Claude Rich à Pierre Mondy (le roublard directeur de prison) en passant par la belle Noëlle Adam, l’assistant-réalisateur Claude Sautet ou bien sûr le malheureux Moustache, ou plutôt Parju (nom également porté par le cochon de Blaireau), sergent Garcia de service dans un affrontement plutôt bien représenté par un générique au cor de chasse sur un décor de théâtre de marionnettes à la Guignol, et devinez qui prend les coups de bâton sur le coin de la tronche ? Une histoire intemporelle qu’un furtif passage de Fouga Magister vient soudain « futuriser » alors que beaucoup de passages évoquent le cinéma muet (et même aussi les dessins animés, américains notamment), en tout cas un film sympathique qui ne tient certes sûrement qu’à la faveur d’un acteur principal largement azimuthé, mais qui fait passer un petit moment sympathique. On ne compte plus depuis les inspirés ayant appelé leur clébard « Fous l’camp » ou encore les pies qui chantent (vu leur consommation de vin rouge) !
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