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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : « L’un de nous ne sortira pas d'ici vivant » : tout se paie toujours !
Scénar : quinze ans après la seconde guerre mondiale pendant laquelle le chef du réseau Vaillance a été abattu, Marie-Octobre réunit les anciens membres parmi lesquels se trouve forcément celui qui a livré son nom à la Gestapo. La joyeuse réunion vire donc soudain au Cluédo avec règlement de compte à la clé car « il n'y a pas de bon Dieu pour les traîtres ». C’est bien beau tout ça mais quand on l’aura trouvé, que pourra-t-on faire ensuite du traître ? Il se suicidera, c’est décidé, après s’être dument confessé par écrit. En attendant, la tension n’est pas près de redescendre car à y regarder de plus près, personne n’est blanc comme neige pendant une période aussi pénible que l’Occupation. Et feu le capitaine Castille n’allait-il pas, ce fameux soir de 1944, balancer le nom de celui qui avait détourné l’argent du réseau fraîchement envoyé de Londres ?
Un générique qui montre le trajet d’une bagnole vers où tout se passera, puis huis-clos pour tout le monde et pis c’est marre. Et autour de la table il y a une sacrée galerie ! Non mais regardez, relisez, imaginez juste ce casting de dingue ! Paul Meurisse, Paul Frankeur (ici fort friand de catch, on note d’ailleurs que la télévision vient déjà gêner / gâcher les conversations mais aussi créer des points de suspension quand l’explosion est imminente), Lino Ventura, Robert Dalban, Bernard Blier, Serge Reggiani, Noël Roquevert, tous gravitant autour de Danielle Darrieux, que des monstres sacrés servis par des dialogues de Maître Henri Jeanson ! Marie-Octobre est aussi l’adaptation à l’écran du roman du même titre de Jacques Robert (sorti en 1948) par l’auteur lui-même et Julien Duvivier qui en ont fait une bobine noire et vénéneuse, un whodunit vitriolé…
Les personnes s’en rendent compte mais il faut bien l’entendre à haute voix : « ainsi nous sommes à la fois juges et accusés » et pour se justifier, se démarquer, se raconter, les personnages ne manquent pas de se balancer tous leurs soupçons, leurs allusions, leurs insinuations à la face, tous ont travaillé sous les Allemands même s’ils en profiteraient pour résister ensuite. Pour reconstituer un puzzle pour tous sauf un, ils reviennent à la soirée funeste. Mais tout n’est pas limpide, le scénario brouille volontiers les pistes, un dialogue malin pimente le discours, favorisant un bon suspense jusqu'au bout du film quand distorsion de la mémoire, mensonges et illusions sifflent au milieu de ses résistants pas très reluisants en fin de compte, de quoi ressortir les divins Galtier-Boissière, Frédéric Dard (de l’immédiat après-guerre) ou Marcel Aymé.
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