Chroniques DVD
27
Mar
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

maurice labro lino ventura action espionnage film

Genre : le Fauve se lâche à LH !

Scénar : à la tête d’un restaurant, monsieur Paul est au four et au moulin quand son ancien patron des services de renseignement réclame sa présence. S’il lui fait un instant répondre « merde », il se rend quand même à la convocation. Un prototype secret est tombé sur Alès et le carburant solide qui sert à le faire fonctionner attire des convoitises. Sa composition a été volée par un ingénieur vite arrêté mais celui-ci est aussitôt abattu par un tireur embusqué. Il se trouve qu'un des supposés protagonistes de l'affaire, Raymond, est un ami de Paul, on lui demande donc d'aller récupérer les papiers chez Raymond et de retrouver le cerveau de l’affaire. Paul refuse d'enquêter sur un ami mais la hiérarchie lui fait comprendre qu'il a tort et promet de se manifester quoi qu'il en pense. On lui envoie direct une descente de police carabinée pendant laquelle de fausses preuves le font accuser d'avoir fait de la fausse monnaie. Pas le choix donc quand on le colle derrière le volant d'une voiture volée : Paul, ancien résistant « un peu truand » qui l’a rencontré entre les murs de Clairvaux, va entrer en contact avec Raymond. Paul fera bien de se méfier, Raymond n’a aucun scrupule de se débarrasser des traîtres quand des centaines de « briques » sont en jeu.

Du beau monde, toujours du beau monde. Maurice Labro, réalisateur d’Action immédiate en 1957 y avait déjà fait se croiser Frédéric Dard (adaptation, dialogues…), Lino Ventura (alors dans un petit rôle), Jess Hahn (inévitable américain de service, modèle armoire à glaces au sourire inquiétant) et André Weber (la tête de faux-jeton de service, pouvant passer de l’émouvant au gros salopard en moins de deux), ajoutez au menu Claude Sautet (assistant réalisateur mais lui aussi préposé aux dialogues et au scénario comme souvent), Paul Frankeur (vu et revu dans le film noir français mais capable d’un vaste répertoire), la sublime Estella Blain et Magali Noël qui interprète « Johnny fais-moi mal » pour l’occasion et on a de quoi passer un bon moment de cinéma populaire, noir et violent pour lequel l’équipe a fait du très bon boulot pour instaurer l'action et le peu de suspense indispensable pour un long métrage d’espionnage de bon aloi. Tourné vite et bien, Le Fauve est lâché impose encore une fois Lino Ventura comme un acteur de gros calibre face à des brigands retors et impitoyables. Le voir aussi attentionné avec les enfants du casting montre un type qui ne peut cacher sa vraie nature de brave homme, même si sûrement pas commode.

Mais s’il est un membre de l’équipe du film que l’on tient à féliciter chaudement, c’est bien sûr pour nous celui qui susurra comme terrain de jeu les splendides décors d’Étretat, Le Havre et compagnie au réalisateur, on ne dira jamais assez l’amour inextinguible que l’on ressent pour ce coin de l’adorable Normandie, pour les légendaires galets de silex ovoïdes et troués qui produisent un friselis unique quand contact il y a avec les vagues fougueuses de la mer Manche. Plus friable est celui, génial toutefois, d’une maison avec un charmant blockhaus attenant mais même les funestes (et factices ?) œuvres de l'organisation Todt ne peuvent résister aux titanesques bagarres habituelles opposant le puissant Lino aux vilains-pas-beaux (au passage, on aurait bien vu François Chaumette dans leur camp, quelle sale trogne hautaine et cruelle !). Et dire que Raymond s'empressait d'engueuler Paul d'avoir laissé tomber sa tranquille situation de famille et son établissement prospère pour des conneries, il était loin d’imaginer à quel point les choses allaient très vite devenir sérieuses pour le grand déplaisir de son ancien ami. Le passé, reluisant ou pas, n’en finit jamais de nous rattraper, demandez donc à la vengeresse Marie-Octobre ce qu’elle pense !

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