Chroniques DVD
27
Mar
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

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Genre : « Monsieur, le suicide est un art qui supporte mal le dilettantisme »

Scénar : une voiture traverse une ville à grande vitesse jusqu'à se ficher en l'air, le suicidaire Jean Monnier, écrivain à succès, se retrouve du coup à l'hôpital quand il reçoit la visite d'un drôle de bonhomme qui lui reproche presque de s'être manqué ! Le type vient lui proposer, au nom de la mystérieuse Pension Edelweiss, de le « guérir de ce mal incurable que l'on nomme la vie ». « Tout ceux qui l’ont connue ne sont plus là pour faire de la publicité » mais l'organisation, en échange d’une signature en bas du contrat et d'un chèque libellé d'une somme astronomique, s’engage à envoyer le client ad patres sans que celui-ci n’ait besoin de se préoccuper de quoi que ce soit. Plus par curiosité qu'autre chose, Monnier obtempère. C'est vers la montagne - où poussent naturellement les edelweiss - qu’un train le mène vers le trépas organisé. Sur place, il rencontre d’autres pensionnaires : un peintre, une danseuse, un ex-général de l'armée allemande, une romancière, un chanteur d'opéra et, clou du spectacle, une délicieuse jeune femme qui lui avoue ne plus vouloir mourir… Personne ne doit révéler pourquoi il a choisi de venir mais Monnier, d’abord auteur d’un joli festival de jeux de mots mortuaires, commence à flairer quelque chose de bizarre, et même à franchement hésiter de quitter ce monde…

Premier film sorti dans la collection « Les invisibles du cinéma français », cette coproduction franco-italienne s’attaque à l’adaptation de la nouvelle Thanatos Palace Hôtel d’André Maurois, Frédéric Dard se chargeant de la réécriture et des dialogues. La suite repose sur l'affrontement de deux sacrés gaillards : Henri Vidal (qui vivait comme roulait la voiture du film et qui a fini prématurément, c'est bien dommage) dans un énième rôle de costaud fanfaron face à un Lino Ventura dont on note qu'il interprète ici l'un des derniers rôles de méchant de sa carrière, son personnage est réellement sinistre, on a juste un peu de mal à croire que ses mains qui peuvent jeter des gens et retourner des voitures, comme dans Le Gorille vous salue bien 1, puissent s'adonner au piano comme c'est le cas dans ce film. Daniel White, collaborateur régulier de Marius Lesœur et plus tard de Jess Franco (le trio travaillera sur des tonnes de films, et l’excellent Howard Vernon, encore en uniforme allemand ici après Le Silence de la mer, sera souvent de la partie), dote le film d'une musique d'ouverture effrénée où la caisse claire va à fond les ballons en introduction, le jazz ici se veut ici sauvage tandis que la suite plus détendue n'est pas sans rappeler dans ses premières notes le générique des James Bond à venir.

On trouve dans ce film une ribambelle de personnages tous plus curieux et fantasques les uns que les autres, le représentant du début par exemple (« - Monsieur Thanatos, c'est un nom de guerre ? - Non monsieur, c'est un nom de paix… ») a une véritable tronche de croque-mort et aurait pu exercer dans la profession, John Kitzmiller (récompensé l’année précédente à Cannes pour sa prestation dans La Vallée de la paix), acteur noir à qui l’on signale qu'il aurait été difficile de ne pas l’apercevoir au milieu de toute cette merveilleuse neige des Alpes, joue lui aussi son mystérieux non sans humour tandis que la britannique Dawn Adams en fait souvent des tonnes dans le drame la plupart du temps, ce qui n’enlève rien à son charme et à sa présence. Il paraît impossible de ne pas penser avec Sursis pour un vivant à des œuvres telles que Le Club du suicide de Robert Louis Stevenson mais aussi aux ultérieurs Assassinat en tous genres (pas tout à fait le même sujet, certes, mais quand même, et…Diana Rigg, I LOVE YOU!), The Game ou encore Le Magasin des suicides de Jean Teulé pour compléter le rayon. Au, passage, on prend note de la présence dans le département photographie d'un certain Osvaldo Civirani qui deviendra réalisateur et dont nous avons déjà parlé. Chouette film enfin exhumé.

L’échange du film, lancé par Henri Vidal à Lino Ventura :

« - Personne ne vous a jamais cassé la gueule ?
- On a essayé…
- Ah les braves gens !
- Paix à leurs cendres… »

Bonus : présentation du film et anecdotes par Daniel Lesœur, fils du producteur Marius du même nom (3’)

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