Chroniques DVD
17
Aoû
2020

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

film français comédie catherine frot rose

Genre : le pot de fleur contre le pot de fric

Scénar : des fleurs d'une serre à la camionnette, de la camionnette à la route vers le concours international de roses de Bagatelle où les roses Vernet n’ont pourtant pas pu se payer un emplacement mais Madame, débrouillarde, improvise. Des concurrents viennent narguer (l’univers de la rose ne manque visiblement pas d’épines…) mais peu lui chaut. Malheureusement, c’est le riche Lamarzelle qui empoche le prix pour une rose qu'il n'a même pas créée lui-même, il n’en fallait pas plus pour qu'après des années de travail Ève baisse les bras. Son assistante a pourtant l'idée de faire venir des gens à former, évidemment sans expérience ni même la fibre… Très fière et intransigeante mais passionnée, elle intrigue puis intéresse les nouveaux arrivants mais elle ne s'attend pas à être inspirée par ceux-ci en retour. Contre toute attente c'est le cas car, si les affaires sont au plus bas et son agacement au plus haut, les nouveaux montrent des aspects intéressants. Par exemple cet aménagement de peine d'un jeune voleur, peut-être sa solution pour « emprunter » en vue d’une hybridation le « lion », une rose détenue par le grand capital. Elle prend rendez-vous avec Lamarzelle, qui veut absolument la racheter, pour repérer les lieux puis lancer l'opération.

Une dame irascible qui fume la pipe (Catherine Frot), une assistante-bouée (Olivia Côte), une jeune fille hypersensible (Marie Petiot), un rebeu procédurier (Fatsah Bouyahmed, l’impayable Gaspard de La Petite Histoire de France) et une caillera stéréotypée mais sympathique (Melan Omerta), voilà l'équipe qu'on a choisie pour cette aventure qui se distingue par une ambiance mélancolique mais douce de l’univers d’un atelier d'artiste, où une véritable créatrice empreinte d'authenticité permet bon gré mal gré d'entrer dans son univers, sa serre perso où elle travaille sans relâche, à des gens visiblement pas habitués à une ambiance « cuicuicui, vive la campagne », mettons plutôt du hip-hop pour un jeune homme qui est la carte urbaine et jeune d’un casting d’excellents acteurs. Pour une histoire cousue de fil blanc certes, mais également agréable à suivre. On a habillé d’une jolie musique un joli métier dans un bel endroit où les beaux paysages sont légion, loin de la grisaille ambiante (« La vie sans beauté, c'est quoi ? »), malgré les galères économiques menant droit aux propositions de reprise inacceptables mais aussi une météo parfois plus que cruelle : on n'imagine JAMAIS vraiment la difficulté des travailleurs de la terre, hommage à eux.

Alors bien sûr, les jeunes s'impliquent devant l’originalité, la nouveauté, la magnificence de tenter de vivre de sa passion, le conflit de générations se révèle pour une fois fructueux quand l'objectif devient commun, mais tout n’est toujours rose (pardon…), certaines petites frayeurs occasionnent un peu de suspense dans cette presqu’omédie au fil rouge humain et social sans devenir casse-ambiance. Drôle, émouvant, inspirant (wah, les belles images de ces champs picotés de couleurs innombrables), La Fine fleur est un très très beau film qui devrait rappeler qu’en France le cinéma qui fait rêver sans artifices, s’aérer sans exotisme de pacotille, est encore possible, car la majorité de ce qui pollue les écrans ne représente que la face visible d'une splendide champs de fleurs qui ne demandent qu'à être arrosées puis applaudies. On ne peut pas dire que ce genre de film soit ce que l’on se met sous la dent le plus souvent mais quand on gagne (merci Arcadès / Cinefeel !), on ne peut s’empêcher d’en parler autant que d’un dvd que l’on aurait reçu en service de presse, il est rare dans le climat délétère actuel de passer un moment insouciant et intelligent à fois, donnez donc sa chance à une énième film où Catherine Frot prouve que le temps n’a pas de prise sur certains.

Bonus : six scènes coupées, «  Le métier de rosiériste  » (2’)

Les mots-clés :

Vous aimerez sûrement...

Quelques chroniques en vrac

homme invisible wells whale rains film
magma jazz rock progressif concert