Chroniques DVD
02
Avr
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : ou comment un prénom-titre devint un nom commun, à tort

Scénar : le château dans lequel pénètre Humbert Humbert a été visiblement le théâtre d'une grosse fiesta, seul l’excentrique Quilty est sur place, ce qui tombe bien puisqu’armé d’un revolver, Humbert s’apprête à le tuer… Il faut remonter quatre ans plus tôt pour connaître le début de l’histoire de ce traducteur anglais de livres français à qui l’on offre un poste de professeur aux États-Unis. Il trouve une piaule dans la maison tenue par l’excentrique madame Haze et va soudain être la victime de la flèche de Cupidon quand la fille Haze, Lolita, apparaît, telle une déesse grecque lézardant dans le jardin en maillot. Humbert supporte mal que la mère laisse sortir la fille sans lui demander ce qu'elle va faire, il meurt de jalousie en réalité, au point qu’il se laisse épouser par la vieille juste pour continuer à voir Lolita. Quand sa femme meurt accidentellement, il court récupérer Lolita, d’abord sans rien lui dire, juste pour se l’approprier…

Avec l’aura sulfureuse du roman mythique - et bien plus cru - de Vladimir Nabokov (publié en 1955) qui en signe aussi l’adaptation en scénario mais dont Stanley Kubrick se servira assez peu, il y avait de quoi faire un bon film avec Lolita. C’est donc Kubrick, auréolé du succès de la fresque historique Spartacus, qui s’y frotte en 1962 avec comme haut d’affiche Sue Lyon (premier film pour cette blondinette irrésistible dans son jeu entre gamineries et manipulation), Shelley Winters (une harpie doublée du statut d’obstacle), James Mason (l’amoureux over-transi et un rien tourmenté) et Peter Sellers (pour un énième personnage très, très crispant), tous formidables malgré un film très long - presque trois heures - et pas très mouvementé s’il on met à part quelques scènes assez comiques comme la mise en place ardue de ce lit de camp à l’hôtel qui rappellera à ceux qui comme nous galèrent à déplier une simple tente « 3 secondes » la joie du couchage à arrache.

Histoire d'un cœur impitoyablement pressé sur un grill brûlant aux feux de l’Enfer (tiens on note au passage quelques clins d’œil à l’horreur et au macabre : l’extrait de Frankenstein s'est échappé de Terence Fisher, réalisé en 1957, un poème lu par Humbert x 2 signé Edgar Allan Poe…), ode sombre de l’amour plus fort que la mort ou presque, le film sera récompensé par des Golden Globes, diverses nominations même si le scandale et sa sœur la censure ne seront jamais loin : le premier plan du film, qui se reproduira plus tard, est celui d'un pied de jeune fille dont une main d’homme mur vernit les ongles : une telle scène est à la limite de l’inconcevable pour une époque de grisaille sociale et de puritanisme, comme si la fausse ambiguïté des sentiments d’une très jeune fille n’aspirant finalement qu’à la liberté et au bonheur et d’un homme de la cinquantaine aux penchants immoraux et dominateurs ne suffisaient pas à énerver. Vu avec les bons yeux, un film troublant. Pas plus.

Bonus : bande-annonce

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