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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : Fantômas parle…et cogne !
Scénar : Fantômas, Fantômas… Fantômas ! Dans le château des Langrune, on disserte sur Fantômas l'insaisissable et l'incapable Juve, après tout « la princesse Danidov a de bien beaux bijoux » qui pourraient bien séduire le voleur, et Lord Beltham a sur lui une belle somme avec laquelle il doit acheter la propriété, un million en espèces, la vieille n'ayant pas voulu de chèque. « On verra demain » dit-elle mais ils continuent à discuter jusqu'à se faire peur au moindre bruit de boiserie. Et voilà qu'on trouve une enveloppe qui contient une menace envers un des invités, mais lequel ? Crac, le téléphone est coupé, le compteur électrique bousillé, tout ce beau monde se retrouve enfermé dans le noir dans une demeure qui death-y-dément fait peur à tout le monde ou presque. La crise de nerfs devient collective et c'est transi de peur que chacun regagne sa chambre. Comme il n'y tient plus, Beltham remet l'oseille à la vieille...qui est assassinée par un homme en noir qui s'empresse de disparaître ! Le commissaire Juve arrive trop tard mais les événements vont se précipiter dans un château qui s'avère être un véritable labyrinthe. Et cette fois Juve a l'avantage, quelqu'un a reconnu la voix de Fantômas !
Première adaptation parlante de l’œuvre de Marcel Allain et Pierre Souvestre, Fantômas s'ouvre sur un générique de cordes sombres auxquelles ne tarde pas à se mêler une bourrasque terrible qui durera pendant toute la séquence du château où la mise en scène est parfaite quand on aime l’inquiétant : un climat on ne peut plus gothique règne dans un château bourré d'armures et de passages secrets, et cette réussite dans le diviser-pour-mieux-régner (« L'un de vous doit mourir ce soir, séparez-vous ou vous périrez tous ») donne comme une règle de tous les films d'horreur dont une bonne partie se passent en huis clos, ou pas d'ailleurs. Si l'atmosphère des Fantômas de Louis Feuillade 1 était déjà très sombre pour leur époque (la série d’Edward Sedgwick sortie au début des années 1920 est malheureusement réputée disparue), celui-ci s'avère bien plus violent, particulièrement dans sa seconde partie que l'on qualifierait presque de futuriste dans le sens artistique du terme puisque les véhicules (voitures, avions) y prennent leur importance, tout autant que le bruit de leur moteur, la vitesse de leurs déplacements, sans parler de la démonstration physique pendant une bagarre assez incroyable où l'on a du mal à croire qu'aucun acteur ne se soit blessé tant les assauts sont sauvages.
Le personnage en lui-même est comme l'exige la tradition extrêmement doué dans l'art de la mystification mais aussi du camouflage (il se déguise certes facilement, mais tout le monde n'est pas capable de se faire passer pour un meuble, pardon !), ces réussites sont complètement invraisemblables comme le veut l'histoire d'origine et si, l'on remarque peu de scènes en extérieur peut-être à cause d'un manque de moyens, le film tient la route autant que ses prédécesseurs et fait à part entière partie du beau corpus Fantômas avec ses drames en filigrane, ses personnages rivalisant de courage (ou de bêtise suivant leur grade). On note parmi les acteurs les excellents George Rigaud (une vraie boule d’énergie) et Gaston Modot (un Firmin droit comme un I, telle la monolithique créature d’un obscur disciple de Frankenstein) mais aussi un Yves Allégret crédité ici en tant qu’assistant. Quant au réalisateur hongrois Pál Fejös, sa féconde filmographie mériterait d'être explorée un peu plus en détails, on note avec beaucoup de plaisir qu'il réalisa un Arsène Lupin avant ce Fantômas, nous en reparlerons !
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