Chroniques DVD
11
Avr
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

kubrick burgess ultraviolence dvd film

Genre : tarés sur image

Scénar : les exactions d'Alex et de ses « droogies » (tabassage de clodo, baston contre des rivaux, rallye de destructions, agressions diverses…) ne font rire que leurs auteurs, les flics sont sur les dents mais la chance sourit aux audacieux jusqu’au jour où la musique classique vient semer la zizanie au milieu de la bande : mutinerie au programme. Le leader écrase néanmoins la contestation dans l'œuf mais il le paiera quand le piège tendu se refermera, ce sera même la taule car cette fois il a tué. Mais au bout de deux ans derrière les barreaux, il entend parler du traitement Ludovico qui, s’il était choisi pour en être le cobaye, hâterait sa sortie de prison et « empêcherait » sa récidive. Alex embobine l’aumônier local et finit par accéder au traitement à la faveur des politicards qui veulent soulager l'espace pénitentiaire, une marotte de toujours. Le professeur Brodsky exploite le jeune homme pendant quinze jours puis celui-ci est libéré. Mais le traitement d’Alex occasionne soudain au petit malin un sérieux retour de bâton. Bien fait ?

Cet écran rouge sang annonce l'ultraviolence légendaire, et voilà la tronche de ces sales gosses installés au Vellocet comme dans une Cène sous acide ! Adaptant un des romans les plus incroyables du XXème siècle 1, Kubrick défonce toutes les barrières visuelles avec un film extrême qui annonce le nihilisme rigolard des punks tout en glaçant le sang de tous les tenants de l’ordre moral (ce qui coûtera cher au réalisateur qui interdira lui-même son film deux ans plus tard devant le nombre de crétins qui se réclament de sa violence), multiplie les vues de décors psyché-kitch (le mobilier à base de mannequins ou de Christs est juste excellent) dans une succession de scènes culte hyper-réalistes, comme filmées au kaléidoscope d’un halluciné du bulbe. Une sorte de palindrome bourré de bastons chorégraphiées comme des opéras de nonosses cassés, de rythmes à vitesse variable (plein pot pour le « va-et-vient », ralenti pour la castagne auprès du bassin), de clins d’œil (ah ! Le disque de bande originale de 2001 dans les bacs !)

Si on doit râler un bon coup, c’est sur l’adaptation elle-même, comme on le fera pour Shining : le scénario est sacrément loin du bouquin quand on l’a dévoré (Alex est beaucoup plus vieux que dans le livre, la dose de langage nadsat est très légère par rapport au texte original, les costumes sortent de nulle part…). Mais là où l'image devient impressionnante, c'est pendant le visionnage contraint des images du traitement que le livre ne détaille qu’imparfaitement - comme le visage d'Alex d'ailleurs, Malcolm McDowell est impressionnant de maîtrise - et que Kubrick transforme en enfer mouvant. Son utilisation de la musique classique est parfaite pour un contraste avec la sauvagerie déployée ici (qui préfigure Les Guerriers de la nuit etc.) : des scènes très dures pour l'époque où l'ultraviolence n'était pas encore monnaie courante, les parents désemparés ne s’attendant pas à ce qui est désormais le présent : un cynisme politique total face à un avenir qui s’écrase de toutes ses forces dans un écran, décadence totale, déliquescence générale.

Bonus : bande-annonce super speed + sur le DVD 2 un making-of (28', et pas 48 !), Le Retour d'Orange mécanique (44'), O Lucky Malcolm (85', excellent documentaire sur Malcolm McDowell, un acteur criminellement méconnu), on note toujours des sous-titres pas soignés (bordel)

1 voir L’Orange mécanique de Anthony Burgess (Le Livre de poche - 1962 Réédition 1977). Sinon, à propos de la musique, on a aussi ça : Orange Mécanique - "Un film de Stanley Kubrick" 12’’ (WEA / Warner Bros Recs - 1972).

P. S. : y a pas, à chaque visionnage c’est la même réflexion : le chef des matons obsédé par la procédure et hurleur professionnel ne peut qu’annoncer le sergent futur dans le fabuleux Full Metal Jacket, autre beigne visuelle magistrale.

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