Livres divers
08
Avr
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

mishima essai philosophie ecriture culture physique

« […] il convient que l'éducation du corps prenne le pas sur l'éducation de la pensée s'il doit créer et contrôler ses propres idées. »

Essai autobiographique publié en fragments dans un journal avant ce rassemblement sous ce titre, Le Soleil et l'Acier montre un Mishima racontant sa découverte d’une plus forte forme d'écriture, se livrant à une sorte d'auto-étude philosophique, « une espèce de compromis entre la confession et la critique » autour de la culture d'un corps qu'il avait entreprise non sans raisons. Ce corps forteresse d'un moi plus fort si entraîné et débarrassé des mots qui d'après l'auteur « gâchent » la chair : « […] ma chair s'était manifestée sous une apparence intellectuelle, corrodée par les mots, ne serait-il donc pas possible d'intervertir ce cheminement et d'accroître le domaine d'une idée à partir de l'esprit vers la chair jusqu'à faire de l’être physique tout entier une armure forgée du métal de ce concept ? »

Le langage très touffu à dessein de Mishima met parfois un peu à mal l’efficacité de sa thèse mais quand il se montre moins confus et pompeux, il convainc de la beauté de cette recherche on ne peut plus romantique, particulièrement via son attrait pour l'héroïsme mais aussi cette quête pour « mourir en forme » si l’on osait ici un petit trait d’humour quand l'homme lui ne se départira jamais de son sérieux tragique et légendaire.

Peut-être en « rébellion contre l'époque », l’écrivain nourrit une grande intransigeance vis-à-vis des physiques négligés et n'épargne pas plus les cyniques qui cachent souvent leurs faiblesses sous un discours dénigrant, l’homme a raison quand il dit qu’il serait difficile de discourir de culture physique quand soi-même on ne met pas à l'épreuve son corps à la lumière, au soleil, à l'effort, à l'acier, pour aller vers sa vérité : « Cela qui se tenait caché, par-delà l’éclair du coup de poing ou l'estocade de l'escrimeur, se situait au pôle opposé à l'expression verbale – voilà, à tout le moins, ce que faisait paraître le sentiment d'avoir affaire à une chose extrêmement concrète, voire à l'essence de la réalité. »

Au travers de ce cheminement de pensée parfois complexe par son architecture, Mishima livre un peu de son histoire mais aussi son testament tout bien réfléchi, car « la mort seule restait un mystère ». Peut-être exprimait-il le regret de n'avoir pas eu l'honneur d'être kamikaze (il les cite souvent, tout comme les Grecs de l’âge antique), l'épilogue en F-104 et le poème conclusif Icare sont en tout cas dans cet axe rêvé de « ressusciter le vieil idéal japonais, où se combinaient les lettres et les guerriers, l’art et l'action » : la sémantique martiale, virile et traditionaliste dans son carquois, Mishima impressionne par la passion et l'ardeur déployées pour convaincre, qu’importe ensuite d’être heurté.

Je ne te suis pas
Je mène une autre guerre
Ta plume reste

145 pages

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