Chroniques romans
11
Fév
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Après leur arrestation générale le vendredi 13 octobre 1307,

le gigantesque et injuste procès intenté aux puissants Templiers par Philippe le Bel valait bien une vengeance, celle-ci ne tardera pas quand à sa mort sur le bûcher le grand maître Jacques de Molay maudit les générations à venir d'une famille royale qui va avoir son compte de complots, d'assassinats et de rivalités jusqu'à la chute tragique qui verra les Valois pratiquement perdre la France après s’être emparés du trône par tous les moyens.

Petit retour en arrière : la dernière année de ce procès (qui a duré sept ans), le roi de France Philippe IV le Bel domine de la tête et des épaules la plus grande partie des souverains européens grâce en particulier à ses enfants placés stratégiquement au sein des cours des autres puissances : Isabelle sa fille est par exemple en Angleterre épouse du roi Édouard II qui semble malheureusement pour elle bien plus intéressé par les jeunes hommes. Son cousin le comte Robert d'Artois vient de plus prévenir la reine du soupçon d'adultère qui plane au-dessus de ses trois belles-sœurs lors de soirées fines à la Tour de Nesle… Le triste sort de Jacques de Molay et cette multicocufication vont faire, chacun de manière différente, se déclencher un conflit que l'histoire appellera la guerre de cent ans…

Lorsque le bûcher consume le dernier des grands maîtres Templiers, celui-ci a juste le temps de maudire les générations à venir du pape Clément V, du garde du Sceau Guillaume de Nogaret et du roi en personne, et le destin ne tardera pas à lui donner raison. Cette histoire avec un grand H, diablement romancée par Druon et ses aides, s'entremêle avec celle plus modeste de la famille de Spinello Tolomei, banquier qui outre les secrets des Grands du royaume, serre dans ses coffres leur fortune en intérêts divers, sans parler d'indiscrétions et lettres qui feraient tomber des empires. De Robert d'Artois, en guerre ouverte avec sa tante Mahaut (LE fil rouge tendu le long de cette histoire chaotique), à Jean de Marigny (frère de l’autre), tous sont redevables du Lombard qui, avec l'aide de son habile neveu, sera de toutes les aventures de ce siècle où tout le monde se surveille, s'étrangle et s'empoisonne afin de s'accaparer toujours plus de puissance et de richesse.

En attendant, paf, l’un après l'autre, le pape, Nogaret et le roi meurent, confirmant pour beaucoup la malédiction adressée par Jacques de Molay à ses persécuteurs. Mais si on dit chez les superstitieux et bien d’autres encore que Philippe le Bel s'est perdu en faisant tomber les murs du Temple, à y regarder de plus près, les mariages de ses enfants ne sont pas étrangers au déclenchement de la plus longue guerre menée sur le sol européen, sans parler d’un nouveau conflit idéologique qui ne demandait qu’à éclater une fois la main du Bel raide : la réaction féodale menée par Charles de Valois contre le modernisme d’Enguerrand de Marigny ! Il n’a plus qu’à lézarder l’édifice, le reste viendra avec !

Merci à tout jamais à Maurice Druon pour cette immense saga gorgée d’un suspense constant mais aussi d’une jolie romance et d’un humour pour le moins acide (ces dialogues !), l’auteur est sacrément doué pour dévoiler les machinations des uns ourdies contre les autres impitoyable machine à tuer dans leur course au pouvoir. Au premier rang desquels Robert d'Artois, parfait antihéros et salopard magnifique, une lecture de jeunesse qui provoque toujours le même choc de plaisir. On en ronronnerait…

354 + 340 + 378 + 219 + 342 + 432 + 210 + 426 + 374 pages donc quelques-unes en couleurs

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