Chroniques concerts
05
Aoû
2016

Wow, belle affiche que voilà, en même temps qu’une autre occasion d’aller ioder des feuilles avides !


Le stambouliote Ilhan Ersahin se charge d’ouvrir les hostilités au moyen d’un jazz groovy parfois sauvage et ponctué d’envolées free, ou pas. Son sax entre feutré et tribal s’entend très bien avec une basse superbe et survoltée, ainsi qu’avec des percussions et une batteuse qui rivaliseront de virtuosité. Ilhan ne rentrera pas dans les détails de ce qu’il se passe de tragique en Turquie (« parce que c'est fou », dit-il), mais interprètera avec ses compères un sérieux paquet de très bonnes compositions (ce chouette McCoy sonne comme une B. O. entre rythme et ombres) qui flirtent un peu avec tous les styles, même avec la disco, un peu trop longuement peut-être. La surprise arrive avec un terrible début de final orientalisant (dommage que cette facette du prisme ne soit pas davantage mise en avant ?) avant un rebond funky monstrueusifère et un solo de batteuse tout en toms bonhamesque. Mais faux final puisque le groupe ne part pas, et poursuit avec un groove mortel à la Deacon sur Invisible man version speed metal, un solo de basse ébaubissant, un clin d’œil à Hendrix et crac le sax s'y met ensuite et percute le ciel marin qui n'attendait que ça. Et pourquoi pas une dernière giflasse (signée Miles Davis si on a tout bien saisi) pour achever les chevaux ? Cool !


Trente-huit piges plus tard, John McLaughlin est de retour à Sète malgré le Brexit (« ah les crétins » note-t-il non sans malice), présente ses musiciens avec respect, amour…et pour cause ! Ils n’auront de cesse d’accompagner le Maître dans son univers avec fougue et génie, on comprend mieux la joie de vivre qui émane du guitariste. Et puis c'est quand même autre chose que l'accordéon métro-style massacrant la chanson française la plus sirupeuse face aux restaurants des quais pas vrai ? Si l’ensemble de la prestation ne souffre pas de déconvenues, certains moments sont carrément vibrants, nonobstant les imbéciles venus raconter leur weekend très fort juste à côté : quand le fabuleux batteur chante en l'honneur de son mentor ou encore le morceau que McLaughlin devait enregistrer avec son ami Paco di Lucia (le plus grand des guitaristes selon lui), El Hombre que sabia, assez Sodade en filigrane. Un concert splendide pour une fin de tournée, avec parfois des déluges de notes et autant de moments pointillistes, de douces notes de clavier d’un bonhomme qui se révèle aussi un tueur à la batteuse (il y en a deux sur scènes, on vous raconte pas les duels entre de fins bûcherons dont un qui scatte une bonne partie de ses propres rythmes). Et puis tiens, hop, une reprise de Pharaoh Sanders. Le concert jazz-rock de l’été, les absents ont toujours tort. Et maintenant sûrement plein de regrets. On l’espère en tout cas gniark gniark gniak…

Un homme, tenant absolument à embrasser le sol pour illustrer sa joie devant une telle prestation, ne parviendra qu'à détruire ses rotules contre le bas de l'escalier en âpre béton de l'édifice. Le mélomane est parfois malchanceux.

Spéciale Ged-y-casse à Anaïs (Grrrüt ?!), et à l’Elastic Family : Naoé, Magdosz et Freda ! Au bout de la rue, y a KKRRHHHbzzzzHHHRRKK, sachez-le !

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