Depuis notre arrivée dans le village, nous essayons de suivre de près les activités des associations culturelles locales.
Nous avions déjà parlé de l’association occitane cessenonaise La Burla lors de la tenue d'une exposition 1 donc, quand lors de la cérémonie de bienvenue aux nouveaux arrivants, nous apprîmes celle de cette conférence sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle, nous nous y sommes rendus, bloc, stylo et appareil photo en poche.
Une trentaine de personnes ont répondu à l’appel, et on se demande d’emblée où sont les jeunes… Eh bien ils sont là, en tout cas dans leur tête, un poil dissipés par les mésaventures informatiques de Monsieur Reilles, qui se voit au dernier moment privé d'un son qui refuse de sortir des enceintes. Il donnera donc de la voix, et puis c’est tout. C’est là que, surprise, on s’aperçoit qu’on a bien fait de garder quelques souvenirs des cours d’occitan avec Monsieur Carcenac car c’est cette langue, association occitane oblige, qui est choisie pour le texte, aïe ! Mais la présence de certains non-initiés font effectuer au marcheur une conférence bilingue franchement agréable au sujet d’ « une histoire de pieds et de chaussures »
Car c’est bien de marche dont il faut parler, et pas celle de la maison à la boulangerie, le conférencier a tout de même parcouru 7000 kilomètres depuis sa retraite en 2011 ! Et tout seul, pour favoriser les dialogues et les rencontres qu’un groupe ne permet pas vraiment de par son réflexe naturel de rester entre soi. Et l’homme de demander qui parlait occitan sur le chemin ! Il estime que sept personnes sur dix le comprenaient, mais que seulement deux pouvaient répondre. Le discours qui ne manque pas de péripéties, d’astuces ou d’anecdotes (la marche sur les CV espagnols, ça en jette !) est illustré d’innombrables photos montrant ces chemins (car ils sont innombrables, chacun pourrait avoir le sien, comme jadis Stevenson et Modestine 2 tiens !) constellés de symboles, des sacro-saintes coquilles (gare au sens des « doigts »), de pieds-à-terre (Maman, la fumisterie est parfois un refuge !) et pourquoi pas de graffitis ; mais aussi de dangers (la terrible ambroisie n’est pas qu’un nectar divin et, attention, un chien de garde peut être « aussi con que son maître!).
Ce chemin de pèlerinage mérite avant de conclure un petit rappel historique. Quand les croisades en Palestine commencèrent à devenir des dépenses plutôt que des mannes, et qu’en surplus la ville de Jérusalem fut prise aux croisés par le turc, on imagina un moyen plutôt ingénieux de recentrer la Chrétienté vers l’Europe de l’Ouest : Santiago de Compostela en Galice, lieu de sépulture prétendu de l’apôtre Jacques sera la direction à prendre pour les pieux marcheurs en recherche de pénitence. Tant qu’à y être, les plus fortunés, toujours plus fragiles de la plante du pied, enverront à leur place quelqu’un de leurs gens afin qu’il fasse le trajet à la place d’icelui qui pour montrer preuve (des mois plus tard, ou plus !) de son épopée se ferait tamponner en bonne et due forme un carnet à cases. Celui-ci existe toujours pour le folklore. De là à imaginer un lien entre Compostelle (le « champ de l’étoile » latin) et le verbe composter (un billet), il n’y a qu’un pas… Ah mais assez de marche !
Même si nous fûmes obligé de nous échapper avant la fin because emploi du temps de ministre, nous tenons à remercier Monsieur Traboul, un homme captivant, drôle et passionné qui nous a fait passer un très bon moment de culture, du genre de ceux qui donnent envie d’attraper le sac à dos et d’aller là-bas voir si on y est. Et pourquoi pas après tout… Veirem ben !
1 voir Journées Européennes du Patrimoine 2021 : « Cessenon, son vignoble » à Cessenon-sur-Orb, Salle Occitanie.
2 Foin de pélerinage ici, mais tout de même ! Voir Voyage avec un âne dans les Cévennes de Robert Louis Stevenson (Racines d’Oc - 1879 Réédition 1968) et pourquoi pas, au passage Le Chemin des crêtes - Avec Robert Louis Stevenson à travers les Cévennes de Kenneth White et Paul Moscovino (E & C - 2005).
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