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Genre : classique feu aux poudres du gothique italien
Ouaip, bien sûr on a déjà causé de ce film mythique 1 mais Artus Films livre enfin avec cette version le plus bel hommage qu'on l'on pouvait rendre à ce film maintes fois mutilé pour diverses raisons et ici livré dans la version la plus complète qui soit avec de plus le respect qu'il se devait à l'image mais aussi et surtout à la couleur particulièrement soignée, rapport à la peinture du pays hollandais à laquelle il est fréquemment fait référence ici. Comment ne pas également noter des influences de la Hammer, ainsi que du fantastique classique et de ses auteurs les plus célèbres, Edgar Poe entre autres (dont, parenthèse, les adaptations, La Chute de la maison Usher la première, sortent presque au même moment aux États-Unis sous l'égide de Roger Corman).
Avec le film livré en DVD et Blu-ray vient un livret-encart fichtrement bien illustré et documenté sur plus de soixante pages. Et, joie, c’est à l’insurpassable Alain Petit que revient la charge de revenir sur les singularités de ce film pionnier très en avance sur son temps, en particulier pour son tournage en couleur (Eastmancolor, et pas Techno comme indiqué !) par rapport aux autres premières rafales du gothique italien, un sous-genre crucial dans la production horrifique mondiale. Ce joyau du macabre, particulièrement efficace grâce à son scénario, un casting international (avec bien sûr des français et des italiens mais aussi des allemands), une superbe musique, des décors et des accessoires soignés, retrouve toute sa splendeur même si la qualité époustouflante des Fulci 2 n’est pas atteinte au niveau papier du livret.
C'est aussi l’occasion de regarder de plus près le parcours pour le moins inhabituel d’un bonhomme à la carrière fournie sous le fascisme (une quinzaine de films dont pas mal de documentaires) puis ensuite adoubé par la Résistance (Pian delle stelle met en scène un groupe d’évadés d’un camp allemand qui forment une brigade de partisans et harcelent les allemands désormais en déroute) avant que Ferroni ne s’attaque au néoréalisme avec la Tombolo, paradiso nero. Le Moulin des supplices signe son vrai retour au long-métrage après une décade, encore, sous le signe de courts et de documentaires. Et bien lui en a pris, ce cocktail de visages expressionnistes, de blêmes belles entre la vie et la mort, de laboratoire chelou et surtout cette morbide attraction de cire au funeste destin, fait de ce Moulin des supplices l’écran-écrin de délices !
Bonus : diaporama, bande-annonce anglaise (V. O.), scènes alternatives américaines et italiennes, Le Docteur et les femmes (entretien avec Alain Petit, 43’) et Les Femmes de pierre (entretien avec Liana Orfei et Fabio Melelli, 25’) ainsi - entre autres - qu'un long article sur les relations poussées entre les musées de cire et le domaine de l'horreur. Succulent !
Infos / commande : https://www.artusfilms.com/les-chefs-d-oeuvre-du-gothique/le-moulin-des-supplices-283
1 voir Le Moulin des supplices de Giorgio Ferroni (avec Pierre Brice, Scilla Gabel…) 1960.
2 voir, au passage, L'Enfer des zombies, Frayeurs et L'Au-delà.
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