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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : du mildiou au gauchisme, il n’y a qu’un pas
Scénar : « Dieu refuse d'éclairer les Rouges » et les lâches refusent que leur manifestation soit organisée chez eux. Il faut dire que le système dominé par les militaires serre les vis et exerce les pressions nécessaires afin que la liberté d'expression ne soit plus possible pour les opposants, il paraîtrait même que leur leader, que l’on nommera Le Docteur, est susceptible d'être assassiné à tout moment. Les autorités ne veulent pas prendre l'information au sérieux malgré l'inquiétude des militants et Le Docteur arrive bien évidemment suivi par la police qui fait son possible en loucedé pour saboter la réunion. Le Docteur et ses militants se retrouvent à devoir occuper une salle minuscule mais l'homme est malin, il demande à ce que des haut-parleurs soient installés aux environs car les gens selon lui viendront. Mais quand ils viennent, ils tombent sur des agents provocateurs chez qui sans ménagement la matraque est de sortie. Quand Le Docteur est soudain mortellement blessé, tous s'interrogent sur la marche à suivre mais c'est de l'autre côté que vient l'espoir : le procureur ouvre une enquête pendant que les militaires tentent de monter des dossiers pour discréditer les opposants…
« Toute ressemblance avec des événements réels, des personnes mortes ou vivantes n'est pas le fait du hasard elle est VOLONTAIRE » signent ensemble Costa-Gavras et Jorge Semprún (le dialoguiste et co-scénariste du film et écrivain espagnol engagé très célèbre) en introduction du premier film politique d’une longue série pour le réalisateur franco-grec. De toute façon, les similitudes du pays du film avec le régime grec des Colonels de la même époque sont si claires qu’il aurait fallu être aveugle pour ne pas voir les doigts pointés vers cette saloperie d’effroyable dictature militaire. Ce réquisitoire qui n’empêche pas le grand cinéma regorge d'acteurs géniaux qui représentent toute une époque de seconds rôles aux faciès inoubliables, à commencer par Jean-Louis Trintignant, Marcel Bozzuffi et Charles Denner mais aussi François Perier, Jacques Perrin, Bernard Fresson, Jean Bouise, Julien Guiomar, bien sûr Irène Pappas et son visage grave et puis Yves Montand, christique, dans un rôle qu’on ne peut bizarrement voir qu’interprété par lui.
Film typique des années de plomb, Z représente une violente charge contre les dictatures d’extrême-droite qui gouvernaient encore à l’époque une jolie partie de l’Europe du Sud. Elle sera couronnée d’une cascade de prix dans les festivals. Z, construit sur la base d’un roman de Vassílis Vassilikós à propos de l’assassinat du député grec Grigóris Lambrákis, préfigure déjà de grands films politiques concernant les dictatures comme Salvador mais aussi les enquêtes des Hommes du présidents, I… comme Icare, Mississippi burning ou JFK. Que cela soit sous la forme de cette version restaurée en 2014 ou une autre, il faut voir ce grand film. Reste à savoir pour ce film ce qu’en dit le réalisateur quand on lui soumet l’idée qu’il serait un film de propagande : « c’est un film qui relate une histoire qui s'est vraiment passée, celle de Théodorakis ». Ce compositeur, banni après avoir subi de nombreuses fois la torture, apparaît sur une bande originale aux empreintes d'autres musiques, on croirait entendre pendant la poursuite de triporteur le Gainsbourg du Pacha ou, après la sortie de Bozzuffi des locaux du journal, le célèbre morceau Psyché Rock de Pierre Henry. Déporté, ce héros rebelle ne découvrira sa musique utilisée que plus tard.
Bonus : Costa-Gavras et Jacques Perrin s’expriment à propos du film à sa sortie (3’), extrait d’une émission Le Masque et la plume de 1976 (14’ où se volent gentiment dans les plumes une bande de théoriciens fatigants et fatigués…), bande-annonce originale.
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