Chroniques DVD
27
Mar
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : dés à coudre contre pots de fleurs

Scénar : en 218 avant Jésus-Christ, Carthage devient un peu trop rivale de Rome au point que l'empire prévoit l'attaque. Qui sera devancée par celle du général Hannibal Barca qui déboule au pied des Alpes après bien des embûches. Et certains sénateurs de clamer qu’il ne les passera pas avec ses éléphants ! Mais tout le monde n'est pas convaincu par ces supputations alors que les légions ont fort à faire avec les Gaulois… Surtout que pendant ce temps, en usant de diplomatie, Hannibal a uni l'Espagne et du coup, seules les légions d’un ennemi de Rome, Rutarius, pourraient défendre les Alpes, ça la fout mal, non ? Sans perdre de temps, les Carthaginois progressent, certes prudemment mais Hannibal mène ses hommes comme un vrai chef, auprès d'eux, et demande beaucoup à ses pauvre pachydermes. Devant les critiques qui commencent à fuser (les Alpes dépassées en quinze jours ont coûté la moitié des soldats), Hannibal rappelle que son armée a traversé l'Europe et son alliance surprise avec Rutarius est encore une preuve de son intelligence politique. Le général compte sur une panique instaurée par des subterfuges et de nouveaux alliés, un homme lui conseille aussi d'enlever la fille d'un puissant sénateur pour le rançonner mais les soldats se mettent en tête que la fille va leur porter malheur. Devant la rapidité des Carthaginois, les Romains qui mobilisent les troupes en urgence ne trouvent pas de chef militaire pour contrattaquer… Est-ce la fin imminente d’un immense empire ?

Ce film, nonobstant son sujet historique génial, s’avère encore plus important à nos yeux car il fait se rencontrer pour la première fois les ineffables Terence Hill et Bud Spencer un peu moins de dix ans avant la naissance officielle de leur tandem irrésistible. Du moins sur l’affiche puisque leurs personnages ne se croiseront jamais le long de l’histoire. Et si Terence Hill incarne encore un nobliau freluquet en caligæ, Bud Spencer lors de sa micro apparition est déjà sacrément bien fait même si son « format » encore « juste balèze » et pas encore tout à fait bedonnant (du moins le dirait-on) sera abandonné dès la seconde rencontre avec Terence Hill (qui lui restera filiforme et beau garçon) dans Dieu pardonne, moi pas (1967). Carlo Ludovico Bragaglia et Edgar G. Ulmer (ce dernier a-t-il vraiment mis la main à la pâte à moins que le premier…Rhâââ on s’y perd avec ces coproductions !) ont fait du bon boulot malgré le jeu parfois un peu théâtral de certains des comédiens. La star Victor Mature est charismatique, à la fois soucieux et drôle, parfois même complexe, son armée joliment disciplinée mais aussi solidaire et déterminée au rythme d’un Carlo Rustichelli égal à lui-même avec sa musique aux couleurs aussi flamboyantes que les vêtements et les décors. On note avec plaisir des scènes croquignolettes telles que celles d’un casque qui roule après avoir quitté la tronche d’un légionnaire occis, une jolie amputation de main digne d'un chirurgien avec dépassement d’honoraires ou encore une tronche catapultée.

Sur un tournage que l’on devine nanti d’un budget assez confortable avec cet impressionnant nombre de figurants en marche à l'ancienne avec cordes et pieds, les deux véritables stars sont toutefois à chercher ailleurs : les Alpes (peu importent quelques décors de roche suspects ou même des chiens qui se prennent sur ordre pour des loups), c'est beau même en studio, et, heavy-demment, les éléphants, plutôt débonnaires de nature mais qui font tout de même leur boulot de rouleau compresseur à la grande surprise des légions romaines, et occasionnant parfois, en plus des décors glissants changeant un peu du sable des arènes ou du marbre des temples, de belles chutes de mannequins dans le vide et de réjouissants « aaaaaaaaaah !!! ». D’ailleurs, quand on y réfléchit, on doit encore aujourd’hui retrouver des côtelettes de Carthaginois sur le chemin qu'ils ont courageusement gravi. Puisque vous la demandez gentiment, voici la recette pour réaliser le même film chez vous : une histoire d'amour, la guerre (avec si possible de jolies scènes de radeaux de troupes traversant les cours d’eau si vous avez une baignoire), la politique, les complots, les embuscades et donc, car quand même ils méritent bien un rappel : les éléphants ! Bien qu’il faille encore rappeler que les chevaux payent une nouvelle fois un sacré tribut à la cascade cinématographique, ouille ! Dans le genre, on conseille aussi de voir Scipion l'Africain de Carmine Gallone (sorti en 1937) malgré une soutien affirmé du pouvoir mussolinien.

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