Chroniques DVD
04
Avr
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : « biche, ô ma biche ! »

Scénar : au XIIème siècle en Europe du Nord, des bandits attaquent un convoi chargé d’or conduit par le duc de Brabant. Heureusement, les renforts arrivent, parmi lesquels le comte Siegfried, blessé et ramené chez Brabant bien qu'il soit un ennemi de longue date. Pire, quand ses conseillers préconisent de profiter d'emprisonner Siegfried, le duc qui lui doit la vie décide qu'une fois guéri le comte pourra partir libre. La fille du duc vient même le délier et le soigner, ce qui change l’éternel va-t-en-guerre en quelqu'un de plus émotif, en fait amoureux de la fille Brabant…et c'est réciproque ! Désormais époux, ils repartent vers les terres de Siegfried mais ils sont attaqués par des bandits sur la route, elle est enlevée sous les yeux de son mari qui a tôt fait de la libérer. Qui donc commande ces bandits, le duc de Bourgogne, vraiment ? En attendant, Golo, un vassal de Siegfried, semble fasciné par sa nouvelle maîtresse. Quand le comte Siegfried est envoyé aux croisades par son suzerain, son intendant tente en son absence de faire sienne sa femme. Suite au refus qu'elle lui oppose, l’innocente est calomniée par ce fourbe prétendant et emprisonnée avant d’être finalement abandonnée dans la forêt quand son exécuteur désigné faillit. La comtesse et son enfant né en prison survivront grâce à l'aide miraculeuse d'une biche. On en bramerait !

Bon, disons-le direct, ce film ayant trop de ressemblances avec son style et ses façons de faire pour être honnête, on « soupçonne » depuis toujours le révéré Riccardo Freda d’avoir réalisé toute cette coproduction italo-espagnole (comme il y en a eu quelques-unes à la suite du tournage du Cid d'Anthony Mann), il est en tout cas ici crédité comme scénariste et comme il était notoirement insatisfait de ce tournage aux tout petits moyens qui ne lui donnaient pas du tout la latitude qu'il souhaitait, il n'est pas étonnant qu'il ait laissé le nom de l'espagnol José Luis Monter prendre la place du sien en haut de l'affiche. Toujours est-il qu'on se retrouve avec un film agréable et dans la veine des films d'aventures exotico-historiques typiques des années 1960 avec, comme souvent chez les transalpins, une musique signée Carlo Rustichelli. L’équipe technique italienne (avec un certain Stelvio Massi parmi les photographes), les acteurs espagnols (mais aussi un américain) parviennent à une jolie petite réussite dans le genre combat dès la première seconde, superbe chapeau plein de tours et de créneaux et princesse en détresse dans un monde viril où les traîtres pullulent et beaucoup moins les héros.

La légende de Geneviève de Brabant, bien connue dans les pays germaniques, trouve ses racines écrites au moins aussi loin que le XVème siècle et peut-être bien même avant, elle est l'énième exemple d'une victime quasi-martyre qui est aidée par Dieu en personne après que, comme dans les divers récits héroïques de Robin des bois, Guillaume Tell ou même chez un Thierry La Fronde, un seigneur cruel et usurpateur décide de nouveaux impôt sur le dos d'un peuple déjà plongé dans la misère, un méchant sacrifiant sur sa route ceux qui tenteraient de se rebeller (les têtes tombent, accidentellement ou pas, mais nombreuses) et les jeunes princesses, comme une certaine Blanche Neige, échappe à leur bourreau qui lui-même ne semble pas être en mesure de mettre à mort la pureté ! Des histoires qui se répètent donc encore et encore dans le folklore européen (ces sarrasins ne se sentent-ils pas un peu perdus dans ce Nord suggéré pendant que la pauvre dame, livrée à la Nature, retourne elle à la Préhistoire ?). Tout ça jusqu'à une fin bien cucul pour ne pas changer. Pour un film tourné sur deux semaines en studio en Italie puis en Espagne pour les extérieurs (ce qui pour un film plutôt orienté vers le nord est assez paradoxal), on trouve tout ceci bien fichu.

Bonus : diaporama d’affiches et de photos, ce chouette digipak contient aussi un livret de vingt-quatre pages rédigé par François Amy de la Bretèque, encore une fois très bien écrit et documenté, qui donne envie d'en savoir toujours plus, c'est le secret des pédagogues que l'on adore ici. On aimerait vraiment trouver ce genre de document dans un maximum de DVD ou de blu-ray afin d'intéresser les gens à découvrir toujours plus d'exemples méconnus de ce qu’était le cinéma d'antan, Geneviève de Brabant était jusqu'à ce jour inédit en France, tout comme l'était La Muraille de feu sorti en même temps, on ne remerciera jamais assez un éditeur qui death-y-dément sait faire plaisir aux amateurs du genre avec des sorties de qualité.

Infos / commande : https://www.artusfilms.com/chevalerie/genevieve-de-brabant-336

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