Chroniques DVD
29
Mar
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : l’italienne et l’amour

Scénar : « il ne faut surtout pas confondre l'appel de Dieu et la peur de vivre » déclare l'orateur sévère aux novices qui vont quitter leur « coquille de poussin » pour entrer dans les ordres. Don Paolo espère bien que les jeunes femmes se sont bien engagées à servir Dieu pour une bonne raison, sont prêtes à vivre dans l’humilité, la chasteté et la pauvreté. Comme il le craignait, certaines ne sont pas là pour les mêmes raisons, certains semblent à deux doigts de défaillir dont acte, la jeune Rita s'écroule sur le sol. Don Paolo ne doit pas être vraiment surpris puisqu'il a reçu une lettre anonyme dénonçant l'entrée dans les ordres de la jeune fille comme contrainte par des événements extérieurs et donc pas religieux. Il n’hésite pas à aller la questionner à l’infirmerie mais elle nie. Le jour de la prise de voile, sa mère ne vient même pas la visiter, finalement elle s'adresse au curé et lui avoue qu'elle refuse de prononcer ses vœux au dernier moment. Don Paolo la délivre de son devoir mais il est furieux car lui et Monseigneur ont avalé ses mensonges, elle est alors sommée de s'expliquer. Cette fille de comtesse ruinée directrice d'une exploitation agricole relate alors les faits qui se sont produits avant son entrée au couvent, sa rencontre avec le fils des voisins, l’oisif Giuliano, et le soupçon qui naît bientôt dans son esprit : ne serait-il pas l'amant de sa mère veuve et encore séduisante ? Cette mère aimante mais qui voudrait vendre le domaine alors que celui-ci appartient à sa fille qui n'est pas encore majeure ?

Cette belle coproduction franco-italienne est l'adaptation d'un roman de Guido Piovene par plusieurs scénaristes dont l'écrivain - et ici dialoguiste - français Roger Vailland. Le récit témoigne comme de nombreux livres du XXème siècle de la déliquescence des familles aristocrates qui se ruinent en tentant de survivre dans un monde plus moderne que la société archaïque à laquelle ils se réfèrent pour se hisser plus haut que le peuple qui, lui, commence, à l'image du régisseur de l'exploitation, à témoigner de plus de pouvoir économique en comparaison de cette noblesse désargentée, pour ne pas dire désenchantée, qui ne vit souvent que de l'illusion que le passé n'est pas passé. Pourtant la comtesse (Hella Petri) ne peut pas ignorer la situation, elle loue une partie des terres qu’elle ne peut de toute façon pas faire entretenir elle-même, on lui marchande des contrats pour lui rogner des pourcentages qu'elle ne mérite de toute façon plus, elle fait couper des arbres pour faire rentrer un peu d'argent, de quoi désoler un peu sa fille (Pascale Petit, extrêmement belle et saisissante dans ce rôle) qui vit (elle aussi) dans le souvenir de son père défunt qui administrait de main de maître, c'est le cas de le dire. Le futur de ses familles, personnifié par toutes les dindes qui gloussent dans les labyrinthes végétaux des parcs des propriétés, mais aussi par Giuliano (on n’arrête plus Jean-Paul Belmondo, sex-symbol et acteur formidable, pas très éloigné de son rôle dans La Française et l'amour, ne présage rien de bon, alors si l'amour commence à s'y mettre, le feu ne va pas tarder à attaquer la poudre.

La Novice, nonobstant son titre qui pourrait induire en erreur, est un film assez vénéneux où la morale n'a que peu de place, une histoire où les relations entre des personnages volontiers ambigus peut parfois donner l'impression d'assister à une sorte de thriller campagnard (la musique de Roberto Nicolosi est par ailleurs assez intrigante, en tout cas pas rassurante du tout) avec ce triangle de personnages qui ne demande qu'à se désagréger devant tout un tas de projets, pas vraiment désintéressés qui plus est, qui se construisent petit à petit dans la boîte crânienne des uns et des autres. L'organisation du bal de charité (dont les bénéfices seront dirigés vers qui, on se le demande !), la folie douce d'un dandy désinvolte, Giuliano, conduisant son bolide avec sur la tête un heaume médiéval et ses plumes, la beauté de toutes ces jeunes filles très douées pour se mettre en scène et démontrant tour à tour de vrais talents pour la danse (Pascale Petit par exemple, toujours aussi hypnotique, fascinante), toute cette futilité ne met pas le moindre coup de balai à la toile d'araignée du destin qui ne demande qu'à voir tomber ses futures victimes entre des pattes velues. Notons tout de même au passage, malgré notre anticléricalisme forcené, le calvaire que c'est de devoir être le gardien des âmes de ceux qui le souhaitent, braves dévôts, quand la duplicité de certains nous ferait en soutane nous jeter dans le feu plutôt que de donner l'absolution à l'hypocrisie la plus totale, celle d'un être tordu qui devrait peut-être chercher une autre fenêtre sur l'au-delà que la croyance dans l'inconnu.

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