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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : noir de noir
Scénar : le truand Maur est très préoccupé. D’abord il ne se remet pas de son dernier séjour en prison, et surtout de ce qui s'est passé pendant : sa compagne n'est pas morte dans un accident mais par la main d'un de ses anciens complices. Alors pour changer, il est déjà sur un coup avec le jeune Rémy mais on dirait sans y croire. Il le dit lui-même : « j'aime pas les trucs simples » et il va être servi. Comme sur une sorte de coup de sang, il abat soudain son complice receleur avec son propre flingue, s'empare au passage d'un magot de joncaille qui traîne sur la table mais voilà que d'autres truands arrivent, et pas n’importe lesquels : Nutheccio et son âme damnée Armand. Il a juste le temps de dissimuler son butin avant de rejoindre son ami Silien qui lui a procuré du matériel pour casser le coffre qu'il vise. Pendant le larcin, Silien a tout de même à une attitude étrange… Il téléphone à la police puis retourne chez la femme de Maur qu'il tabasse et fait parler. Même blessé durant le braquage, Maur se lance à la poursuite de Silien tandis que celui-ci recherche l'assassin de son ami policier, quelque chose qui lui vaut (fort justement ?) sa réputation d'informateur... Et l’assassin se trouve être Maur…
Après Léon Morin, prêtre l’année précédente 1, Le Doulos est le deuxième film de Jean-Paul Belmondo avec Jean-Pierre Melville qui revient au film de gangsters (qu’il avait laissé de côté depuis 1959) avec une adaptation d'un roman de la Série Noire signé Pierre Lesou portant le même titre, Le Doulos, autrement dit l’indic. Le film est évidemment beaucoup moins explicite que le roman, beaucoup d'ellipses et des regards qui en disent long sont au programme mais il s’avère également plus bavard dans les dialogues, comme pour préciser les caractéristiques des personnages dans une adaptation extrêmement fidèle au roman d'origine, hormis la fin et quelques détails sans réelle importance sur le déroulement du récit. Mettons que l’histoire tordue à l’origine se voit dotée d’angles arrondis pour mieux coller à l'image et au cinéma. Bien que tout ça ne vaille peut-être pas le roman d’origine d’une exceptionnelle noirceur, Le Doulos est un très grand film qui montre son réalisateur dans sa très grande époque, on ne peut d’ailleurs pas dire qu’il en ait connu une mauvaise mais laissons cela dans le tiroir à flagorneries, le film n’est pas mythique pour son créateur seul, certes immense.
Sous l’égide des producteurs Georges de Beauregard et Carlo Ponti, le tournage convie au banquet des acteurs incroyables (Jean-Paul Belmondo, à la fois souriant mais glaçant, est absolument parfait pour le rôle, Serge Reggiani et sa tête de chien battu est finalement un bon choix même si on aurait pu s’attendre à un autre acteur pour endosser le rôle du costaud Maur, Jean Desailly est aussi excellent dans son rôle de flic roublard), un compositeur, le vétéran Paul Misraki, qui peut filer d'une mélodie tranquille jazzy et mélancolique à des parties sinistres dignes des grands films noirs à l’amère-loque, on ne peut également s’empêcher de noter des noms de jeunes gens encore relativement inconnus comme Volker Schlöndorff (en tant que premier assistant réalisateur) et Bertrand Tavernier (ici publicitaire pour la production). Tout ce beau monde est pour quelque chose dans ce grand succès artistique, on aura beau trouver que les personnages masculins ont tendance à maltraiter les féminins, et davantage que dans le livre d'ailleurs, chacun finit toujours par passer à la caisse. Il est à noter que cette première adaptation de Pierre Lesou ne sera pas la dernière, à suivre Lucky Jo avec Eddie Constantine !
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