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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : dark Dard
Scénar : sortant d’une somptueuse maison de maître, l’industriel Jacques Decrey monte à la nuit tombée dans sa puissante voiture, roule jusqu’à sa destination, sort en enfilant ses gants et s'engouffre discrètement dans l'entrée d'un immeuble. Un jeune homme gît sur le sol de l’appartement, il vient d’être abattu. Et il le méritait ce petit salopard. Decrey jette un regard glacial sur les draps pour lesquels il ne ressent que de la colère à cause de ce qui s’y est passé nombre de fois, il emballe les affaires essentielles du mort dans une valise pour simuler un départ en voyage précipité, roule le cadavre dans un tapis, descend le tout au rez-de-chaussée et charge le coffre de sa voiture avec. Méthodique, il ne laisse rien au hasard, se dirige ensuite vers le siège de son entreprise où il balance le corps dans le trou d’un mur en construction qu'il couvre de béton. Il se hâte ensuite de rejoindre sa femme Gloria en repensant à l'histoire qui s'est passée auparavant. Une histoire qui ne manque ni de malheurs ni de rebondissements.
Saluons tout d’abord la finesse du titre, on était loin de s’imaginer que Le Dos au mur était en fait l’adaptation (par l’auteur lui-même entre autres, qui s'occupe aussi des dialogues) du très chouette roman de Frédéric Dard Délivrez-nous du mal (publié en 1956 chez Fleuve Noir), bien joué donc à l’équipe, en tout cas de la part de ceux qui ont lu le livre. L’image noir et blanc très sombre est impeccable pour le climat dramatique instauré, le début très silencieux - absolument aucun dialogue ou presque à noter pendant les dix premières minutes - met les sens en éveil, une musique stridente facilite l'installation du suspense façon pointilliste et la différence qui se pose ensuite par rapport au livre est que le personnage principal raconte le début des évènements avant que le présent y succède. Et au beau milieu des soubresauts du temps se débat un personnage dingue d'amour qui ne peut recoller les petits morceaux de sa vie qu’au moyen de la vengeance implacable qu’un homme terriblement blessé seul pouvait échafauder.
Ce premier film d’Édouard Molinaro ne fait pas semblant avec le casting, Gérard Oury (on oublie souvent qu’il fut acteur pendant un vingtaine d’années à partir du début des années 1940) dont la voix profonde est juste parfaite pour le rôle du tourmenteur de Jeanne Moreau. C’est drôle comme celle-ci pouvait incarner une fille magnifique et inaccessible car amoureuse aussi bien qu’une femme à deux doigts de se foutre par la fenêtre avec la même crédibilité, elle joue ici superbement son rôle de femme à faces multiples. On ne s'attend pas forcément à voir apparaître Jean Lefebvre dans le rôle du détective mais pourtant celui-ci l'incarne avec le talent dont il a souvent fait preuve, on regrette juste ce côté comédie qui dilue un peu le propos. Sur le plateau aussi des tronches fantastiques (Robert Le Béal, Mercey, Musson…) et un assistant réalisateur nommé Claude Sautet. Avec son scénario très proche - et pour cause ! - de l’original et malgré un dénouement moins fin que dans le roman, on tient là un très bon film noir.
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