Chroniques BD
03
Jan
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Toujours chez le maharadjah de Rawhajpoutalah après ses aventures entre Egypte et Inde,

Tintin reçoit la visite d’un chinois qui a à peine le temps de dire deux phrases avant de recevoir une fléchette dans le cou et avec elle le sinistre radjaïdjah. Malgré le danger qui s'annonce, il file à Shanghai où européens et japonais se comportent comme des colons racistes et belliqueux. D’emblée il échappe à plusieurs attentats et manque même du même coup de perdre la tête, la faute à Lao Tseu. Tout conduit Tintin à la fumerie d'opium du Lotus bleu d'où est ourdi le complot qui mènera à l'intervention japonaise en Chine et à la mise à prix de sa tête death-y-dément en péril. 

Hergé passe aux choses sérieuses avec ce cinquième Tintin, non pas que les quatre précédents 1 étaient ratés, ils étaient simplement imprégnés de préjugés, stéréotypes et autres raccourcis pratiques. Celui-ci se démarque direct avec un scénario à rebondissements. Au très bon suspense de l’aventure pure on ajoute même l’espionnage, la guerre contre une bande internationale digne du S. P. E. C. T. R. E. et la drogue qui asservit tout un monde, voire même la critique politique (la corruption règne à la concession internationale, ça n’empêche pas les arrogants japonais et européens de donner des leçons de civilisation…). Tout ceci en n’oubliant pas l’humour en route, on trouve en effets quelques scènes comiques imparables comme celle de l’inspection des troupes japonaises ou celles figurant les Dupondt dont le talent comique explose au grand jour, en particulier grâce à leur don inoubliable pour le camouflage.

Le héros Tintin quant à lui semble sortir de la torpeur de l’aventurier distant, passant de pays en pays le nez collé à une vitre bien propre. Car, miracle, cette fois-ci, à l’occasion de l’évocation de l’incident de Moukden, il prend parti contre l'impérialisme japonais et l’Occidental dominateur, explique même à Chang, le jeune orphelin chinois à qui il a sauvé la vie et qui devient son premier véritable ami, que tout tient finalement au fait que « les peuples se connaissent mal », peut-être pour l’auteur une occasion de s’excuser pour le Congo dessiné précédemment ? S’il se révèle comme d’habitude très humain, il reste tout de même très naïf (il croit par exemple être libéré comme ça par Mitsuhirato, quel farceur çui-là !). Tout comme les enfants qui dévorent ses aventures par millions. Celle-ci est peut-être (?) la meilleure de toutes.

62 pages en couleurs, 6,95 €
ISBN : 9782203003071

1 on a parlé de ceux-ci, voir  Tintin au pays des Soviets, Tintin au Congo, Tintin en Amérique et Les Cigares du pharaon.

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