Chroniques romans
31
Déc
1998

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Le riche et mystérieux Phileas Fogg prend à son service un certain Passepartout qui doit user de prudence quant à la ponctualité ;

c'est ce qui a coûté sa place à son prédécesseur. Et cela n’a pas l’air d’être mission impossible quand on sait que Fogg n’a d'occupation que de se rendre à son club de riches londoniens. Passepartout trouve en cet homme à la rigueur mécanique un maître parfait puisqu'il aspire à la tranquillité après une vie riche en rebondissements et revirements. Il ne s'attend sûrement pas à la suite immédiate des événements… Car « Un bon anglais ne plaisante jamais, quand il s'agit d'une chose aussi sérieuse qu'un pari » : un de ses partenaires de whist n'aurait pas dû le mettre au défi contre une énorme somme de parvenir à faire le tour du monde en quatre-vingts jours comme le soutient la science de plus en plus rapide dans ses déplacements. « Nous allons faire le tour du monde » voilà comment parvient la nouvelle aux oreilles de Passepartout éberlué. Le pari donne naissance à une mise en bourse mais tout le monde semble ne pas croire en la victoire de Fogg. Et en plus, un flic retors, Fix, est fermement convaincu que Fogg est en fait le voleur d'une énorme somme dans une grande banque londonienne. L’inspecteur part à sa poursuite afin de l'arrêter en Inde où il pourra obtenir un mandat d’arrêt… Fogg, lui, ne semble s’inquiéter de RIEN.

«[…] ce gentleman ne demandait rien. Il ne voyageait pas, il décrivait une circonférence. C'était un corps grave, parcourant une orbite autour du globe terrestre, suivant les lois de la mécanique rationnelle. En ce moment, il refaisait dans son esprit le calcul des heures dépensées depuis son départ de Londres, et il se fût frotté les mains s'il eût été de sa nature de faire un mouvement inutile. »

Jules Verne, roi de la description où chiffres et lettres s'entremêlent pour toujours plus de détails au sujet de choses qu’il n’avait jamais vues (quel homme hein ?!), prouve une fois de plus avec ses Voyages extraordinaires 1 que l’on pouvait apprendre en lisant de pures fictions. Il laisse un moment la science-fiction pour un road-bouquin effréné où un personnage atypique fait le tour du globe sans le moins du monde s’intéresser à ce qui l’entoure, le jeu étant son seul intérêt, les autres protagonistes frissonnant à la place de cet homme inflexible et taiseux. Si Verne a le regard colonial de son époque (alors qu'il n'est pas de ses soutiens !), soulignant la « sauvagerie » des autochtones croisés ici et là sur la route, c’est qu’il ne peut, à l’instar de chaque humain, causer de ce qu’il ne connaît pas sans se baser sur des stéréotypes plus ou moins méprisants. Le Tour du monde en 80 jours est plutôt du genre conciliant, on a vu bien pire parmi les classiques français que l’on enjoint toujours les plus jeunes de découvrir pour se forger un regard neutre, ce qui n’était pas le cas de personnes casées dans des tiroirs sociaux qui leur imposaient certaines réflexions douteuses et un topos clé-en-main.

Il y a des moutons à TOUS les étages, ne l’oublions jamais, la bêtise se combat par la culture personnelle, la documentation, et sûrement pas par le boycott généralisé. Concluons par une citation de Sun Tzu allant dans le même sens :

« Si vous connaissez vos ennemis et que vous vous connaissez vous-même, mille batailles ne pourront venir à bout de vous. Si vous ne connaissez pas vos ennemis mais que vous vous connaissez vous-même, vous en perdrez une sur deux. Si vous ne connaissez ni votre ennemi ni vous-même, chacune sera un grand danger. »

254 pages parfois illustrées en noir et blanc

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