Chroniques romans
13
Aoû
2014

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

chomarat espionnage pastiche roman livre manufacture

« Vous pouvez oublier Al-Qaïda. Si mes sources sont exactes, nous allons devoir faire face à une menace bien plus terrible »

A priori, le tsunami qui a dévasté l’Asie du sud-est n'était pas d'origine naturelle, l’épouvantable Igor était derrière tout ça. Une fois de plus. La question se pose alors au sein des services d’espionnage : et si le cataclysme se reproduisait au large de la Floride par exemple ?! L’éternel adversaire d’Igor, Bob Dumont, descend de son avion qui l'a conduit de Los Angeles à Singapour. « Je ne peux pas faire grand-chose au sujet de ces péripéties sauvages et dénuées de sens. Mais bon sang, il y a tout de même moyen d'améliorer le produit. Il le faut , si je veux écouler plus de dix exemplaires et cesser d'être la risée de la profession . » Voilà soudain que l’éditeur Delafeuille prend notre héros en main : « La vérité c'est que je me suis embusqué dans les premières pages, pour améliorer le produit avant que ça dérape », mais lui aussi est embarqué dans cet univers bourré de tics machistes, sexistes et racistes et avoue : « Damnation, […] Me voilà prisonnier de cette prose outrancière. Je fais n'importe quoi. » Le héros pourra-t-il s’adapter au temps présent ? L’auteur, qui reçoit la visite de Dumont et Delafeuille, va-t-il se laisser orienter par un marché dont il ne sait rien ? Delafeuille, qui déclare l’auteur hors contrôle, ne dépend-il pas finalement de lui afin d’influer de l’intérieur sur son style ?

Déjà paru dans la collection Rivages Noir en 2014, L’Espion qui venait du livre utilise tous les clichés de l'écriture d'un roman de gare jusqu'à en devenir hilarant, se livre même à une déconstruction d'un genre et de ses méthodes. On se demande bien comment il serait possible de ne pas penser à un film comme Le Magnifique avec un Belmondo excellent qui y interprète un auteur possédé par son héros, les films de Hazanavicius autour du personnage légèrement gratiné d’Hubert Bonnisseur de la Bath, matricule OSS 117. Peut-être aussi le Godard de Alphaville qui prend le personnage de Lemmy Caution pour le balader dans un autre monde que celui fatalement éculé qu'il arpente d'habitude. Il va sans dire que les séries S.A.S. et compagnie (spéciale Ged-y-casse à Christel, fuck les offices !) en prennent pour leur grade, Gérard de Villiers doit faire des triples sauts dans sa tombe ! « - Mon dieu , murmura-t-il, à bout de forces. Encore un cliché ! » Et il n’est pas, personne ne l’est, sorti de l’auberge ! Les combats façon savate contre des méchants « jaunes », la séduction immédiate de pépées « bien carrossées » sont bien sûr au programme, tout comme ces raccourcis scénaristiques qui évitent soigneusement presque tout rapport avec la réalité d’une époque, d’une géographie.

On se marre bien, vous l’aurez compris, mais on ne tient pas là qu’un simple pastiche, l’hommage à un certain sens de l’évasion n’est parfois pas loin, l’écriture est aussi soignée (le dernier chapitre est grandiose), l’iconoclastie rigolarde un régal. On recommande chaudement ce qui s’apparente à une étude ludique d’un monde désuet, dépassé mais aussi savoureux à sa façon, comme le sera plus tard le film d’action pur et dur.

176 pages, 16,90 €

ISBN 9782358878654

 

Les mots-clés :

Quelques chroniques en vrac

ac/dc hard rock australie cd
sharknado horreur SF requin téléfilm
austrasian goat france quatre split vinyles
sodom destruction tankard kreator vinyle