Chroniques Blu-Ray
14
Juil
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : napoliziesco

Scénar : il règne une ambiance insurrectionnelle dans les rues de Téhéran, la police tire sur la foule qui met le feu à tout obstacle, le Shah d'Iran se voit obligé de caleter puisque les partisans de l'ayatollah Khomeini prennent la rue. Le trafic de drogue lui continue malgré tout, les grandes familles mafieuses ont même décidé d’oublier les conflits qui les opposaient auparavant pour continuer le business dans de bonnes conditions. L’italien s'occupera du transport pour les américains via un ami turc. Et tout semble rouler comme sur des roulettes : un chargement énorme quitte Istanbul mais ne passe pas inaperçu, et puis si le trafic de cigarettes vient s’y greffer on n’est pas sorti ! En France, la police est aussi sur les dents, tous les services du monde entier tentent de s'unir eux aussi pour lutter contre le fléau. Démanteler un laboratoire qui sous couvert de chercher un médicament contre le cancer fabriquait tranquillement de l'héroïne, c’est bien, mais cinq-cents kilos sont dans la nature, sur leur route vers les États-Unis et on a perdu sa trace entre Téhéran et Istanbul. Les flics sont divisés sur la possibilité de changer la couverture du chargement en route, le capitaine Radovich suppose de son côté que c'est à Naples que s’effectuera la « transformation ». Dans cette ville particulièrement touchée par le trafic de cigarettes, les descentes de gendarmerie n’y changent rien mais à l’occasion de l’une d’elles, Radovich évite à une petite fille d’être embarquée, joue le Bon Samaritain tout en prétendant avoir une grosse cargaison de cigarettes à revendre pour remonter la filière qui peut lui servir à l’occasion. Malheureusement il est repéré. Et passé à tabac. Si ça ce n’est pas un comble…

S’il représente l’exemple typique du réalisateur stakhanoviste qui depuis le milieu des années 1960 a sorti au moins un film chaque année tout en essayant tous les styles à la mode comme tous ses compères transalpins dont on est ici si fan, on est quand même content de lire que les spécialistes s’accordent pour dire quelque chose de positif sur un des petits squales cinématographiques italiens : issu d'une famille de cinéma, Brescia s’est obstiné à se construire tout seul une carrière digne de ce nom, et avec quelque cinquante films au compteur (dont de très chouettes comme La Révolte des prétoriens, Le Gladiateur magnifique, Furie au Missouri, Calibre 32 et puis flûte, qui pourra jamais oublier le plus beau trip sous LSD des traducteurs français et ce splendide Goldocrack à la conquête de l'Atlantide ?!), on peut dire que l’homme a réussi son coup. Convoquant un joli casting de tronches vues un peu partout dans les années 1960 et 70, le cinéphile rusé notera que l’ineffable Gianni Garko ou le sportif Antonio Sabato ne sont pas tout à fait les têtes d’affiche. Ils n’avaient qu’à chanter ! Car la star, c’est Mario Merola, ZE crooner à la napolitaine fort bien placé pour causer et montrer de sa ville, et puisque vous voulez en voir, vous en verrez, ce genre de films, on l’a déjà dit pour l’ultérieur La Guerre des gangs de Lucio Fulci, offre de vraies images documentaires sur une ville minée par la misère et laissée à flots grâce aux trafics en tous genre, le premier étant celui de la cigarette que chacun semble vendre…mais à qui ? « La contrebande à Naples, c'est comme la Fiat, sauf que nous ne pouvons pas faire grève » affirme Don Francesco Antiero (interprété par Mario Merola), petit parrain de la Mafia à l’ancienne, celle qui ne touche pas à la drogue dure et ne fait son travail que pour les petites gens. Joli mythe hein ? Il a sûrement permis à beaucoup de venir filmer « en sécurité » ces tas de films sur le même sujet, lorgnant sans gêne vers French Connection tout en apportant sa touche typique, locale.

Ce film pourtant se la joue international : un flic - véritablement - yougoslave, des parrains italiens-américains, un turc explosif, l’Iran (ah, la préparation de la drogue en plein désert ou presque dans une sorte de lavoir, ça c’est de l'artisanat qui a un cachet absolument parfait pour une carte postale gourmande), la Turquie (l’italien coincé dans le souk est assez drôle), Naples (cigarettes ? Cigarettes ?), New York (attention à l’abus de dragées, y en a en plomb) et si on ajoute juste pour le plaisir des yeux un délicieux tandem de femmes court ou dé-vêtues (Lorraine De Selle et Sabrina Siani, comme toujours à tomber) chez un richissime trafiquant à la poitrine velue (Tonio, son corps de grand balaise et sa moquette portative)… Tout ce qui manque dans le trousseau traditionnel, rassurez-vous, est inclus au programme : la bagnole qui explose au démarrage, la super cascade d'une voiture sur un train (volée à une pub, fallait oser, l’époque no limits c’était beau sans parler des stock-shots !), personnages volontairement cliché, très chouette musique (désolé Curd, désaccord) peut-être entre Morricone et Vladimir Cosma au début du film, quelques gags à la limite du neuneu (le personnage du chauffeur du parrain) mais contrebalancés par de vrais moments de tendresse (le « couple » de gamins), alors si encore une fois le cinéma italien donne une image respectable de la mafia vis-à-vis d’un Etat qui ne fait plus rien pour ses sujets, avec un minimum de cerveau on reconnaît un bon film qui ose même des trucs : c’est rare de voir des scènes de danse traditionnelle italienne, mais encore plus d’oser la conceptuelle mise en abime publicitaire où réalisateur et acteurs vantent les mérites d’un autre film de cette sorte de cycle napolitain. On en oublie du coup des artifices pas très fins et on se laisse prendre au jeu, la très belle édition complète et restaurée de ce blu-ray (accompagné de son jumeau en DVD) nous laisse espérer une palanquée d’autres sorties du genre, on croise les doigts. Et fumez nom de Dieu, ça sauve les pauvres des méchants huissiers !

Bonus : présentation du film par Curd Ridel (30’), diaporama

Infos / commande : https://www.artusfilms.com/polar/les-contrebandiers-de-santa-lucia-347

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