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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : qui a bu boira ! Ça, faut reconnaître qu'on a le proverbe contre nous.
Scénar : pendant l'Occupation, l’ancien marin des mers de Chine Albert Quentin passe son temps à ressasser son passé et boire jusqu’à plus soif, non sans vitupérer après la Wehrmacht qui squatte les étages supérieurs de son zinc favori malheureusement aussi hôtel de passe pour les troupes allemandes. « Si je buvais pas, je serais un autre homme et j'y tiens pas ! » tempête-t-il… Mais au milieu d’un bombardement, il jure à sa femme paniquée que s'ils survivent, il ne touchera plus jamais un verre. Et ils survivent ! Il tient alors sa promesse jusqu’à ce que, des années plus tard, le publicitaire Gabriel Fouquet prenne une chambre à leur hôtel. Fouquet amène avec lui une soif dévorante suite à une rupture et celui qui s'est mis à sucer des bonbons sans faire de vagues va revenir, une dernière fois, à ses vieux démons…
Réalisé d'après le roman semi-autobiographique du Hussard Antoine Blondin (sorti en 1959 et lauréat du prix Interallié), Un singe en hiver rassemble d’abord une sacrée équipe : Michel Audiard au dialogue, Michel Magne à la musique, un duo iconique en haut de l’affiche 1 mais aussi Suzanne Flon, Paul Frankeur et Noël Roquevert, sans oublier pas mal de figurants connus (on aperçoit notamment Paul Mercey et Billy Kearns). D’autres se feront connaître ensuite comme les assistants réalisateurs Claude Pinoteau et Costa-Gavras. Et on ne fera pas l’affront d’oublier les décors magnifiques de la Normandie balnéaire de Tigreville (en fait Villerville). Tiens, eux aussi « tutoient les anges ! », voilà !
Outre les mots délicieux qui filent parmi cette galerie de personnages loufoques et poivrés, parfois volontiers grossiers quand ils ne sont pas entrecoupés de saillies poétiques magnifiques (« Le Yang-tsé-Kiang n'est pas un fleuve, c'est une avenue. Une avenue de cinq mille kilomètres qui dégringole du Tibet pour finir dans la mer Jaune, avec des jonques et puis des sampans de chaque côté. Puis au milieu, il y a des tourbillons d'îles flottantes avec des orchidées hautes comme des arbres. Le Yang-tsé-Kiang, camarade, c'est des millions de mètres cubes d'or et de fleurs qui descendent vers Nankin, puis avec tout le long des villes-pontons où on peut tout acheter […]), on assiste à quelques scènes mythiques comme les claquettes de Belmondo, ou bien sa corrida avec les voitures comme toros, la mise à flot de Frankeur et Gabin n’est pas mal non plus, on tient là un grand film, à voir absolument.
En est réfléchissant, on peut se demander si, symboliquement, la fin n’annonce pas quelque part l’inexorable avènement de la Nouvelle vague et une possible voie de garage pour un certain cinéma de Papa, même si celui-ci aura encore de beaux jours devant lui.
1 clique donc sur Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo pour voir les autres articles en ligne !
Bonus : galerie d'images rachitique
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