Chroniques DVD
19
Jan
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : american gothique

Scénar : en 1844 dans le Connecticut, près de Greenwich, une lettre arrive chez la famille modeste des Wells : un richissime cousin éloigné, descendant des pionniers hollandais de New York, autrement nommés les « patrons », invite l'une des filles de la famille à venir tenir compagnie à sa fille. Les parents Wells, fort puritains, ne sont guère enchantés car les Van Ryn, une lignée au prestige immense, a su oublier ses petites branches tant qu'elle n'en avait pas besoin. La jeune et belle Miranda se voit déjà là-bas, se sentant à l'étroit dans la stricte ferme. Si son père pensait plutôt la marier, il la laisse partir pour New York et la nouvelle vie qui s'offre à elle, à commencer par un repas somptueux qui leur est servi en attendant l'arrivée du puissant homme qui s'avère jeune et pas vilain. Un point d'achoppement tout de même : quand le riche dit au pauvre posséder beaucoup de terre que des fermiers travaillent pour lui tout en payant un loyer. Wells préfèrerait crever plutôt que de ne pas posséder sa terre. Le « patron » se comporte un peu comme un roi (il a d'ailleurs un trône) mais n'a pas que des amis : le docteur Turner semble même prendre un malin plaisir à se dresser face à lui, d'autant qu'un mouvement anti-loyer prend de l'ampleur dans le pays qui se veut peuplé de citoyens libres et égaux, loin de la féodalité héréditaire que les Van Ryn imposent sans penser y renoncer un instant. Miranda s’apprête pour une valse, mais c’est la tempête qui l’attend…

Cette ambiance gothique à souhait, même made in USA, ne peut pas ne pas rappeler le très beau Rebecca d'Alfred Hitchcock. D’ailleurs Joseph L. Mankiewicz s’était lui-même fait la réflexion mais la Fox achète quand même les droits du roman d’Anya Seton sorti en 1944. Et le film échoit à Mankiewicz, pour l’heure simplement scénariste grâce à l’aide de son frère aîné qui le pistonna. Il réalise ici un premier film qui contient déjà pas mal des éléments de son cinéma à venir. Et aussi une actrice à l’existence foutue en l’air par le destin mais qui éclaire tel un beau coin de ciel bleu ce noir et blanc néfaste : la magnifique Gene Tierney, beauté à se damner doublée d’une actrice qui savait y faire malgré l’étrangeté d’un rôle que son âge aurait pu lui interdire. Walter Huston n’est pas non plus à négliger en meneur courageux (mais aisé) dans la lutte des classes que des traditions antédiluviennes ne pouvaient que faire exploser.

Dragonwyck est une immense demeure qui a de par sa longue histoire une emprise sur ses habitants mais elle n'en fait pas pour autant le film gothique dans le sens que l'on entend habituellement, les moments fantastiques que l’on entrevoit parfois ne le sont pas puisqu’appartenant au domaine des illusions, des hallucinations, les éclairages et jeux d'ombres clairement venus de l'expressionnisme aidant un peu à entretenir cette ambiance sombre et tragique. La faute à ses personnages surtout : la maîtresse de maison est une goinfre incroyable qui ne donne pas l'impression d'éprouver beaucoup pour la petite fille au regard si triste, celle-ci disparaît d’ailleurs comme elle apparaît, Vincent Price est délicieusement guindé, parfois sinistre, et son personnel ne l’est pas moins, lors d'une étrange conversation la servante qui fait comprendre à Miranda qu'un jour elle regrettera d'être venue en ces murs au passé sinistre est un bon exemple d’être pour le moins inquiétant… Beware !

Bonus : plus d’une heure de demie de documentaires dont une courte biographie de Gene Tierney et des entretiens avec ou à propos de l’œuvre de Joseph L. Mankiewicz.

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