Chroniques cinema
02
Jan
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : drame horrifique

Scénar : « la monstrueuse parade », avec les difformités dont sont touchés ses membres nains, siamois ou homme-tronc, horrifie les « honnêtes » gens (mais aussi les membres « normaux » de la troupe qui détestent les « monstres »), mais ceux-ci se pressent pourtant aux portes du cirque de Madame Tretallini. En interne aussi il se passe des choses dans la troupe, Hans le nain craque pour la trapéziste Cléo qui en profite pour lui soutirer son pèze, une dresseuse se sépare du balèze Hercule qui va rapidement voir ailleurs, une des sœurs siamoises se marie alors que l'autre déteste l'époux, la femme à barbe accouche, et quelques-unes de ces bizarreries ne vont pas tarder à faire le malheur de certains. Mais attention, s’attaquer à un des leurs, c'est s'attaquer à tous…

Tod Browning avait horrifié son monde l’année précédente avec son très bon Dracula 1. Il réussit avec Freaks à faire quasiment aussi fort dans l'horrifique sans pour autant aborder le fantastique puisqu’on pourrait penser que l’horreur ici ne réside que dans la morphologie effrayante des fameux « monstres », elle est en fait directement ressentie devant l’attitude odieuse des personnes « normales » de l’équipe, surtout, bien sûr, les infâmes Cléo et Hercule.

Si l’Histoire n’a pas vraiment retenu les noms des acteurs atypiques (les difformités de certains sont incroyables) qui échangent des dialogues avec des bribes d'allemand et de français, ils se révèlent souvent très bons, effrayants ou pas (les lilliputiens sont même souvent très touchants), et certaines scènes sont même inoubliables comme celle, surréaliste, où l'homme-tronc s'allume une clope. L’horreur et l'humour font bon ménage dans ce cirque extraordinaire où la vie est cruelle, bien sûr, comme partout, mais sous l'enveloppe les âmes et les instincts sont les mêmes, témoin ce crescendo final terrible où expressionnisme et Grand-guignol se lient génialement.

Ce genre de « cirque » inspirera bientôt des tas d’artistes, de Hitchcock 2 à Suehiro Maruo 3 entre autres. Gloire donc à l'esprit supérieur qui permit à un tout petit cinoche comme celui de Bédarieux de programmer sur grand écran et en V. O. Freaks dans le cadre du Festival Play it again ! Reste plus qu’à expliquer pourquoi seules deux personnes (Nawakulture comprise) ont eu l’idée de s’y rendre.

1 voir Dracula de Tod Browning (Avec Bela Lugosi, Helen Chandler...) 1931.

2 voir Cinquième colonne de Alfred Hitchcock (avec Robert Cummings, Priscilla Lane...) 1942.

3 voir La jeune fille aux camélias de Suehiro Maruo (Editions IMHO - 2005).

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