Chroniques DVD
29
Mar
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

Genre : chronique d’un drame annoncé

Scénar : l'enfant fait ses gammes sur un piano sous la houlette d’une professeure pas commode mais aussi sous les yeux de sa mère, Anne Desbarèdes, épouse du patron de cette usine où tout le monde travaille en ville. Soudain tous entendent d'horribles cris mais aussi les sifflets des policiers : une femme vient d’être assassinée par son amant dans le café voisin. Il devient difficile pour l'enfant de se concentrer quand tout le monde essaye de savoir ce qu'il se passe au-dehors, même sa mère flanche et descend pour en avoir le cœur net. Un vent de panique souffle sur la foule qui se précipite jeter un œil mais la police arrive et tente de disperser les curieux. La femme est à terre, un homme éploré qui ne semble pas vouloir quitter le corps est emmené par les gendarmes. Plus tard, Anne, cette femme éteinte par l’ennui, délaissée, inexistante pour son mari, croise avec insistance le beau regard un jeune homme, Chauvin, qu'elle a rencontré furtivement pendant l'incident. Elle entame même, adieu convenances de classes, la conversation avec lui. Un peu ivre, elle se laisse aller à des confidences, lui semble avoir très envie de la revoir, la regarde depuis des mois mais l'échelle sociale reste là que peut-il faire, que peut-il espérer, que peut-elle espérer ?

« - Vous aimez à ce point les histoires des autres ?
- Oui, si vous saviez...
- Et votre histoire à vous ?
- Pareil ! Si on me la racontait... »

Tourné d’après le court roman de Marguerite Duras (1958) qui co-adapte elle-même le livre avec Gérard Jarlot (collaborateur de l’écrivaine dès 1959 et Hiroshima mon amour, ils travailleront ensemble sur Moderato cantabile, Une aussi longue absence, L’Itinéraire marin et Sans merveille), Moderato cantabile, c’est un couple d’âmes errantes qui se débattent, débitent et boivent sur un ton de drame absolu la vie qu’ils ne vivront jamais, elle semble traumatisée par l'incident dans le bar mais n’en fait pas moins un prétexte pour rencontrer le jeune homme désœuvré, mélancolique, peut-être parce qu’il suit et connaît sûrement mieux la femme que son propre mari, gros bonnet qui ne se contente chez Anne que d’un rôle de faire-valoir pendant les repas fastueux qu’il donne, pleins de commentaires acides et de faux-semblants chers à la haute bourgeoisie qu'elle ne supporte visiblement plus. Jeanne Moreau, habitée, remportera le prix d'interprétation féminine au festival de Cannes de 1960. 1960 est aussi une année chargée pour Jean-Paul Belmondo qui enchaîne cinq films dont les excellents À bout de souffle (Godard), Classe tous risques (Sautet) et Les Distractions (Jacques Dupont).

Coproduction franco-italienne et trait d’union entre les courants Nouvelle vague et Nouveau roman, Moderato cantabile est serti de beaux dialogues, d’une bande originale aussi pluvieuse que l'image (le tournage eut lieu à Blaye, non loin de Bordeaux sur l’estuaire de la Gironde), mélancolique à mourir mais belle comme tout. Le rythme assez lent mais le couple terriblement émouvant, naturel et beau comme on peut l'être parfois quand on aime. Trompeuses petites notes de piano mélancolique sur voix d'enfants du début, moderato cantabile, modéré et chantant, voilà ce qu'entend l'auteur par le titre, voilà ce qu'attend la professeure de son élève, difficile pourtant d'être modéré quand on aime, difficile d'être chantant quand on est triste… Un bien beau film pour les temps calmes et gris.

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