Chroniques DVD
10
Avr
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

clint eatswood comédie western nonne siegel film

Genre : une nonne, un cowboy, des révolutionnaires, des soldats, des indiens, et bien sûr des haricots !

Scénar : en pleine pampa mexicaine, Hogan entend des cris de femme, des bandits sont en train de violenter une religieuse, sœur Sara. Il descend les bandits, tarif, peut-être sans trop savoir pourquoi. Pendant la bagarre, il a eu tôt fait de jouer avec la dynamite et semble assez peu concerné par le danger, pour lui-même aussi bien que pour la femme qu’il sauve. Ses drôles de manières ne s'arrêtent pas là, il dépouille les cadavres, la laisse enterrer les hommes toute seule mais quand il la voit bénir les tombes fraîches avec de l'eau, il devient presque fou et l’abandonne. Intervention divine ou pas, Hogan se réjouit pour elle de voir au même moment approcher un détachement de cavalerie française mais Sara lui confie qu'il doit être à sa poursuite puisqu'elle faisait des collectes pour la révolution mexicaine… Hogan, ancien soldat désabusé après deux ans de guerre aux États-Unis, s'est « offert » pour détruire la caserne ennemie des mexicains en révolte. Très pragmatique, cynique et plutôt adepte de la loi du Talion, il décide d’aider sœur Sara à fuir et d’aller à la rencontre de ses commanditaires. Mais les embûches vont se multiplier, faisant du périple des deux personnages un véritable chemin de croix. Enfin, de croix surplombant la tombe de ceux qui auront le malheur de se pointer au mauvais endroit au mauvais moment.

Pas le moindre doute ne plane au sujet de son origine tant la musique se révèle immédiatement morriconienne, et le maître italien s’est encore une fois débrouillé pour composer une œuvre mémorisable en un clin d’œil, une vraie machine à tubes ! Pour le reste, cette silhouette qui se découpe sur un soleil couchant magnifique raconte déjà beaucoup, un solitaire sur la route vers son destin, l’éternel dangereux coyote Clint Eastwood (« S’entre-tuer ? Avec moi, il n'y a toujours qu'une victime »), une fois de plus dans le rôle ambivalent d’un bonhomme âpre au gain mais chez qui subsiste bizarrement comme une flammèche d’humanité : comment pourrait-il laisser cette religieuse dans le pétrin, particulièrement si elle est belle ! Et puis celle-ci, l’effroi passé, sait se montrer arrangeante (« Dans les cas exceptionnels, la règle prévoit des accommodements ! ») et dégage même parfois comme une étrange odeur de soufre. « Une bonne sœur jolie comme vous, ça ne devrait pas exister », soit, mais, cher Clint, n’oublions pas que les voies du Seigneur sont impénétrables ! D’ailleurs les pièces du puzzle scénaristique se jouent peu à peu du spectateur car malgré un climat comique omniprésent, le drame est aussi là en filigrane, la politique et l'impérialisme influent toujours sur l’Histoire, et ses cruautés ne sont que plus grandes quand parallèlement on ose parler de progrès.

Comme de bien entendu, il y a du beau monde dans l'équipe du film, l’histoire a été imaginée par Budd Boetticher, le directeur de seconde équipe n’est autre que René Cardona et les cascades sont sous la responsabilité de Buddy Van Horn (avec qui Clint commettra plus tard une poignée de films pour le moins hauts en couleurs 1), l’histoire ne dit pas ce que pensaient tous ces gens de la faune du Mexique où le film a été tourné, mais celle-ci n’est pas épargnée à une époque bien moins regardante sur la condition animale : si une certaine araignée s'en est sortie du sabot du cheval, elle a vraiment eu du bol, un serpent en perd aussi la tête (assez biblique comme image, non ?). Pas tués pour de vrai, enfin on le suppose, les hommes ne s’épargnent pas non plus entre eux. Déjà, un film sur la révolution sans peloton d'exécution, ce n'est pas un film sur la révolution, et quelques images sanglantes (puisque l'arme blanche est toujours de la partie, même en cas de médecine de campagne) viennent s’ajouter aux traditionnelles fusillades et autre sabotage de train. Tout ça dans des paysages superbes (la photographie du stakhanoviste vétéran Gabriel Figueroa est très, très réussie), idem pour les costumes et décors. Un boulot exemplaire, artistique et technique (Don Siegel est un as !!) qui ne méritait pas un titre français comme d'habitude assez idiot par rapport à l'original, malicieux comme il se doit.

La phrase du film : le cowboy sans scrupules à la religieuse : « C’est vrai que votre beau-père était charpentier ? »

1 Buddy Van Horn est décédé en 2021, il avait réalisé Ça va cogner... (1980), La Dernière cible (1988) et Pink Cadillac (1989), tous avec Clint Eastwood en vedette

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