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Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : tout ce qui est bon fait mal
Scénar : Séverin travaille sur son livre sur les rives d'un lac quand une nouvelle arrivée, la mannequin Wanda van Dunajew lui tape violemment dans l'œil. C’est à la faveur d’un trou bien placé dans la cloison mitoyenne qu'il s'empresse d'espionner cette magnifique jeune femme pour qui le contact de la fourrure sur sa peau nue semble être le véhicule vers le septième ciel. Cette vision le replonge dans son enfance quand il reluquait la femme de ménage de la famille faisant l'amour avec le chauffeur. Séverin retrouve le même plaisir à admirer cette Vénus dans sa fourrure qui se sent observée, tous les regards se tournent en effet vers cette jeune femme qui arbore l'air d'être très entreprenante. C’est un fait, elle recherche le plaisir à tout prix, elle s’offre d’ailleurs un soir à un jeune homme de la colonie. Ce que Séverin ne sait pas, c’est qu’elle sait qu’il observe. Elle qui cherchait un homme romantique aborde franchement Séverin qui l’amène accidentellement au sadomasochisme, il entraîne même la jeune femme vers d'autres jeunes hommes, la pousse toujours plus à la cruauté malgré le mariage qui les unit désormais, il lui offre même un alibi écrit au cas où il lui arriverait quelque chose…! « Le bonheur me rendra toujours malheureux » pense-t-il… Sait-il vraiment au fond ce qu’il souhaite vraiment ?
« 69, année érotique », cela va sans dire M’sieur Serge, d’ailleurs Jess Franco sort la même année un film, Paroxismus 1, qui finira lui aussi par porter le titre de Venus in Furs dans la plupart des pays où il sera distribué. Celui de Dallamano, intitulé Le malizie di Venere à l’origine, cherche par contre pour sa part à rester le plus près possible du roman de Leopold von Sacher-Masoch, des doigts qui galopent gentiment sur une peau douce (ah le programme est assez compréhensible dès les premières images !) jusqu’au débat psycho-philosophique : le plaisir dans la douleur, la liberté dans l'amour, la place réelle de la fidélité et de la morale dans l’existence… Archétype de l'œuvre pas banale, La Vénus en fourrure (le livre) aurait facilement pu tomber dans l'extrême vulgarité au cinéma entre les mains d'un crétin petitement pornographe mais il se montre, avec un Massimo Dallamano aux commandes, juste sulfureux et délicieusement érotique, enluminé qu'il est par un très beau travail de photographie dont le réalisateur était un maître notoire (rappelons ici sa participation à de très nombreux classiques du cinéma - surtout populaire - italien dès le milieu des années 1940, dont deux fabuleux Leone : Pour une poignée de dollars en 1964 et Et pour quelques dollars de plus l'année suivante).
On a beau toujours avoir une pensée émue pour les pauvres animaux soyeux qui finissent sous la forme sordide d'un manteau de bourge (à quand le perfect’homme uh ?), Laura Antonelli (vue entre autres dans L’Espion qui venait du surgelé de Mario Bava et plus tard dans quelques Belmondo dont Les Mariés de l'an deux ou encore le Sans mobile apparent de Philippe Labro) et son corps fantastique ensorcellent sans aucun effort un spectateur assez aidé par une caméra voyeuse à dessein mais qui au moyen d’habiles mouvements sait évoquer aussi le trouble, le vertige, voire la petite mort, aaaah, et cætera. Avec des scènes d’hallucination ou de rêve dignes d'un film gothique, des flashbacks bien placés (le montage est franchement réussi) et des éruptions de violence même pas surjouées, le film tient en haleine tout autant qu’il séduit, les acteurs sont d’ailleurs tous très beaux dans leur genre, Régis Vallée par exemple aurait sûrement mérité plus que quatre apparitions sur un an et quelques dans de petits films érotiques avant de disparaître complètement des écrans. Typiquement le genre de films qu’on aimerait bien voir revenir en blu-ray avec quelques pièces documentaires, un avis personnel tout à fait innocent, adressé, s’ils nous lisent les sagouins, aux éditeurs que nous aimons bien.
Hommage à Christian Guilhabert et à la meilleure blague du monde : l’histoire d’un sado et d’un maso. Le maso dit « Fais-moi mal ! ». Le sado lui répond : « Non ». Sous vous applaudissements !
1 voir Venus in furs de Jess Franco (avec James Darren, Barbara McNair, Maria Rohm, Klaus Kinski, Dennis Price, Margaret Lee, Adolfo Lastretti, Manfred Mann, Paul Muller, Mirella Pamphili…) 1969 - AP061. Et c’est sans compter, pour aller plus loin, le Venus in Furs de Joseph Marzano, sorti lui en 1967…tout comme la chanson magnifique du VELVET UNDERGROUND !!
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