|
Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note ! |
Genre : de quoi rendre parano !
Scénar : Dave Garver a une belle villa sur la côte au ras des falaises, une chouette caisse décapotable (peut-être une Jaguar ?), un poste dans une radio où pendant cinq heures il passe des disques. On peut dire qu'il a ses fans, une fille appelle d’ailleurs chaque soir pour qu'il lui mette le morceau Misty d’Erroll Garner. Il rencontre un jour une femme dans son bar et ce grand séducteur n'en fait qu'une bouchée. Enfin croit-il, c'est la fameuse madamoiselle Misty, légèrement accro à ses émissions mais aussi à sa personne. Dès le lendemain, elle se pointe sans crier gare chez lui avec de quoi bouffer, une véritable envahissante de taille ! Il tente de mettre les choses au clair mais elle se montre vite agressive, et puis s’il est assez coureur, la belle Tobie, peut-être la seule femme qui lui a fait un véritable effet, lui a manqué et elle est de retour dans la région. Il lui propose de renouer mais la foldingue commence à méchamment lui courir sur le haricot. Pour elle, c’est lui qui a un problème : « Pourquoi veux-tu jouer ce jeu ? Pourquoi t’obstines-tu à nier que tu m'aimes ? »…!
Play Misty for Me… Un titre impeccable qui n'avait pas besoin de sacrilège en français mais aussi la première réalisation de Clint Eastwood où celui-ci met en lumière une région dont il est follement amoureux, la Californie côtière de Carmel-by-the-Sea (dont il finira par devenir maire à la fin des années 1980), dont le tempo est réglé par les magnifiques vagues en générique (le travail de photographie est très soigné), puis boum, le rhythm and blues est de la partie (on se retrouve à un moment au festival de Monterey, Eastwood, fou de musique, présente ses passions) pour une observation de l'intérieur du monde de la radio (un peu comme dans Fog plus tard) où l'acteur aurait pu faire un carton avec une voix pareille, comme si le physique ne suffisait pas. Un véritable rêve que l'existence d'un type qui ne semble se préoccuper de rien, de profiter de tout, en faisant simplement son travail basé avant tout sur son plaisir, il y va de ses citations littéraires, de ses allusions charmeuses, de sa connaissance de la musique visiblement très étendue, donne du plaisir.
Comme toutes les lumières, celle de Dave attire les bestioles, et sa vie bascule brusquement dans le cauchemar. C’est bien simple, on passe presque tout le film à éprouver l'envie de massacrer un personnage à mains nues : son obsession aveugle, le harcèlement dont elle se rend coupable, la répulsion totale pour cette intruse ne pouvaient inspirer autre chose. De quoi faire regretter au séducteur le très malin « jeu du bastion », jeu d’approche joué avec, on reste en famille, un Don Siegel pour l’occasion grimé en barman. Eastwood n’en montre pas moins qu’il sait déjà tout filmer (renversante tendresse que cette séquence façon « Adam et Eve en Californie ») dans ce voyage au cœur de la noirceur humaine quant la possession entre en jeu, un trip qui tourne carrément au carnage giallesque. Tendu et brutal pour les éclairs de violence, ce thriller, après le choc de The Beguiled 1, consacre Clint Eastwood en tant que réalisateur acteur qui n’a pas peur de bousculer son image, de se mettre en danger. Et franchement, c’est tout ce que l’on adore ici, bravissimo !
La phrase du film : « y a de quoi devenir dingue ! »
Bonus : Play it Again… A Look Back at Play Misty for Me (documentaire 49’ - VOST), The Beguiled, Misty, Don & Clint (documentaire 6’ - VOST), message de Clint Eastwood (2’ - VOST), diaporamas, bande-annonce originale…
1 voir Les Proies de Don Siegel (avec Clint Eastwood, Géraldine Page, Elizabeth Hartman, Jo Ann Harris, Darleen Carr, Mae Mercer, Pamelyn Ferdin, Melody Thomas Scott, Peggy Drier, Patricia Mattick …) 1970 Réédition 2003
Ne partez pas sans avoir "aimé la page", retrouvez tous les articles, vidéos et reportages sur votre mur. Soutenez Nawakulture en vous abonnant à la page Facebook et en partageant les chroniques.