Chroniques DVD
27
Jan
1999

Les étoiles évaluent le plaisir ressenti à la découverte des œuvres, rien à voir avec une quelconque note !

melville vercors drame guerre film

Genre : « Le devoir peut-il être jamais celui d'accepter le crime ? »

Scénar : 1941. Un vieil homme se remémore les six mois passés auprès d'un homme, un officier allemand que les occupants lui imposèrent. Les bagages de celui-ci arrivent dans une grande Mercedes, puis des soldats, des chevaux, des affaires personnelles du monsieur sont déposés auprès de ses nouveaux hôtes avant que le vieux et sa nièce voient un soir pénétrer dans leur salon un officier que l'image fait ressembler à une sorte de Nosferatu sortant de l'ombre. Ils décident de l’ignorer totalement, ce qu’il semble comprendre. « Les choses changèrent brusquement un soir » : en civil, l’officier fait brusquement la conversation tout seul, raconte sa vie, montre une belle culture et un certain humanisme malgré la pensée qu'il sortira quelque chose de bon de cette guerre : il est persuadé que l'union de la France et de l'Allemagne donnera quelque chose de grand, d’après lui « ce sera le plus beau mariage du monde » . Werner von Ebrennac aura beau se montrer le plus correct possible, parler un français le plus châtié possible, les deux lui refusent la moindre parole, font même comme s'il n'était pas là. Il pense sûrement qu'il finira par les débloquer mais ils ne changeront jamais leur façon de vivre. Un jeu très difficile à jouer et à vivre à la longue mais ces français sont terriblement têtus. Pourtant, malgré tout, ils finissent par s'intéresser à cet impassible officier amoureux de la France et compositeur de son état, mais Jeanne et André peuvent-ils se fendre d’un geste envers l’ennemi abhorré sans adhérer à l’occupation, certes fort diplomate, de leur maison ?

Le classique de Vercors, sorti dans la clandestinité aux Éditions de Minuit en 1942, est adapté, réalisé et produit 1 par Melville lui-même en 1947, sacré défi pour un premier film 2 car on y entend surtout parler le narrateur, ce vieil homme que l’on écoute penser avec une voix sombre et monotone, monument de mutisme face à cet officier qui n’en démord pas : « Il faudra vaincre le silence de la France », c'est une bataille qui lui plaît mais la Belle ne sera pas émue par la Bête comme il en évoque le conte, un conte dont le nom terrible de Treblinka pulvérise la magie en même temps que les illusions d'un militaire bizarrement encombré d'un rêve. Un SS qui chante reste un SS, et tout le monde devrait se méfier des mélodies enjôleuses qui dissimulent l’horreur. Sombre, calme, et rythmé par le seul toc-toc de la pendule, ce Silence de la mer serait à la limite de devenir pesant à force, « heureusement » au bout de 40 minutes des coups de canon rappellent que c'est la guerre (on voit alors Howard Vernon à bord d'un char démilitarisé si l'on regarde bien). La guerre ici est psychologique, idéologique, patriotique (un homme dépose aux pieds d'un autre dans l’introduction une valise, il y découvre au milieu de divers titres de la presse résistante le livre de Vercors), le paradoxe des jolies images d'une visite de Paris polluées par les oripeaux de la barbarie est balayé, pas de ça dans ce logis, pas de place pour le moindre compromis même si, au fond, personne ne peut prédire que l’humanité ne ressortira pas comme le Diable hors de sa boîte. Ecce homo, débrouille-toi avec ça.

1 wah, avec un logo pareil on ne risque pas de passer à côté de l’information !

2 le film sort après un court-métrage, voir 24 heures de la vie d'un clown de Jean-Pierre Melville (avec Béby, Maïss…) 1946

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