Sang pour sang de Joel et Ethan Coen (avec John Getz, Frances McDormand...) 1984

Genre : noir de chez noir

Scénar : « Le monde est plein de râleurs, ben c’est qu'y a jamais d’garantie, […] quelque chose peut toujours foirer » : il n’aurait pas dû emballer cette fille, le mari, qui est aussi son patron, Marty, se manifeste après avoir eu le rapport photographique d’un détective privé. La femme ne peut plus dormir, se sent traquée, ça tombe bien, parce que Marty chargerait bien quelqu’un de descendre les deux adultères. Bingo, le détective est volontaire, il s’exécute, et les exécute. Enfin, c’est ce qu’il dit…avant d’exécuter Marty ! Non mais c’est quoi ce foutoir ?!

Premier film des frangins Coen après que Joel a participé au montage du Evil Dead de Sam Raimi ¹ (ils le retrouveront en 1985 sur le scénario de Mort sur le gril ²), Sang pour sang se distingue déjà par des personnages fantasques mais profonds, des dialogues soignés, des mouvements de caméra vifs et habiles, un scénar vicelard plein de rebondissements malgré un rythme faussement traînant et de soudains éclairs de violence, tout ça baignant dans une noirceur générale à la Jim Thompson ³ et consorts.

Et ce qui fait de ce film un grand film, ce sont aussi bien sûr les acteurs, formidables, Frances McDormand - femme de Joel Coen à la ville - et M. Emmet Walsh en tête. Ce dernier dépasse de la tête et des épaules le reste du casting avec un rôle de salopard têtu, homme mauvais par nature comme les autres, qui gâcherait presque avec sa grande carcasse ces splendides décors symptomatiques et défilants de la route, toujours la route. Et les grands espaces, toujours. Et bien sûr, tant qu’à y mettre des trucs dedans, les coups du sort, les quiproquos et les choix cornéliens… Alors, incinéré ou enterré vivant ? Faites votre choix !

¹ voir Evil dead de Sam Raimi (avec Bruce Campbell, Ellen Sandweiss…) 1981.

² voir Mort sur le gril de Sam Raimi (avec Reed Birney, Paul L. Smith…) 1985.

³ voir 1275 âmes de Jim Thompson (Série Noire Gallimard - 2005), lis donc ça malheureux !